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the last half of the novel contains a surprising number of typographical errors that detract, if only slightly, from the quality of the novel as a whole. Rhodes College (TN) Laura Loth PROPHÈTE, EMMELIE. Impasse Dignité. Montréal: Mémoire d’encrier, 2012. ISBN 978-2923713 -71-7. Pp. 203. $19,95 Can. Pour José, personnage principal de ce troisième volet—après Le testament des solitudes (2009) et Le reste du temps (2010)—de la trilogie de Prophète, le temps se décline autrement. Il n’aurait donc pas vraiment besoin de la petite montre japonaise offerte par son père car, pour lui, le temps se calcule plutôt selon les bruits diffus de son quartier, le désespoir grandissant qui s’y trouve et sa propre solitude. Et pourtant, il la porte, cette montre. S’étant attaché à elle, José la consulte et s’occupe même à la régler: “Il la secouait, la tripotait avec l’épingle, la mettait au soleil présumant qu’elle aurait pu être en contact avec de l’eau, jusqu’à ce que, sans explication, elle se remette à marcher” (56). Dans une certaine mesure, la montre serait alors fidèle à la vie de son propriétaire et du cul-de-sac éponyme qu’il habite: “[L’Impasse] Dignité n’existait pas, sinon que pour ces demi-vivants qu’étaient toutes ces âmes blessées, forcées de se côtoyer, se détestant comme ils pouvaient, solidaires aussi dans cette misère renouvelée jour après jour” (46). Au fil des promenades et rencontres de José, on apprend sur l’(in)existence de cette petite ruelle perdue dans un bidonville de Port-au-Prince. S’y esquisse l’ensemble des habitants qui s’acharnent à y survivre: la famille de José; l’omniprésente terreur Ti Blanc, prêteur sur gages et patron de bar; Mademoiselle Claire, une vieille femme qui vit en face de ce dernier et souffre non seulement du vacarme produit par sa musique et sa clientèle mais aussi des bouteilles et regards injurieux qu’il lui jette à toute occasion; Daniel—le seul ami d’enfance de José à être resté dans l’impasse—et sa mère moribonde; et Lucie, belle quadragénaire dont la mauvaise réputation n’empêche pas José d’en tomber amoureux. On découvre au fur et à mesure le désir qu’a chacun de partir—car l’impasse semble bel et bien constituer un destin sans issue—et la difficulté de communiquer ses sentiments à autrui. Aussi arrive-t-on à considérer un instant de silence passé entre José et sa mère comme un moment intime et à comprendre pourquoi Claire, “quoiqu’exécrant Ti Blanc de toutes ses forces”, finit par prêter oreille à “ces bruits, ces éclats de voix qui entraient par effraction chez elle” (148) et qui eux seuls la relient avec le dehors. Notons de surcroît que cette impasse à maints égards invisible (personne n’y détient de titre de propriété) risque de disparaître véritablement d’un jour à l’autre: “La ravine et ses immenses mâchoires les menaçaient et ils se cramponnaient à ces blocs de béton qui témoignaient, envers et contre tout, de leur présence réelle dans ce pays” (131). Pour un lectorat avisé, la montre de José s’avère non seulement indicatrice mais aussi annonciatrice lorsque le cadran devient à nouveau lisible: “Il était trois heures trente et on était le jeudi 17 décembre 2009” (61). De ce fait, Prophète semble chercher à présenter non seulement la vie quotidienne des défavorisés d’Haïti mais, de manière plus percutante, à poser des questions-clés d’actualité: face à une “ville qui n’avait pris d’engagement avec aucun avenir” (180), comment “refus[er] ce sentiment d’irréversibilité que tous commençaient à ressentir”— et ce avant même le tremblement de terre du 12 janvier 2010? Comment, quand 1300 FRENCH REVIEW 86.6 on ne sait si on mangera ou non, “accomplir quelque chose, inventer un changement , contribuer à un mieux-être” (38)? Vue l’envergure de ces questions, il est difficile...

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