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la marginalisation, la prostitution et la nostalgie. Ce petit livre touchant et cruel est aussi un plaidoyer en faveur de la cause LGBTQ. Taïa y raconte un peu son histoire, celle d’un jeune Marocain, musulman et homosexuel, confronté aux interdits de sa société traditionnelle et à l’hypocrisie d’une société d’accueil qui se targue d’être libre et fraternelle. Paris, ville des Lumières, scintille face à l’obscurantisme présumé du monde. Cependant le mythe de la République égalitaire s’évanouit vite pour devenir dépotoir des illusions perdues, un no man’s land pour exilés et expatriés, pour tous ceux qui portent l’estampille ex- du déracinement et de l’exclusion. Il y a Zahira, la prostituée marocaine au grand cœur qui rêve d’un grand amour et qui aux heures creuses se donne aux déshérités du Tiers Monde échoués dans le quartier Barbès. Elle s’est liée d’amitié avec Aziz, jeune Marocain homosexuel entretenu par deux Parisiens membres d’une tribu exclusive ayant pour appellation contrôlée “Vuitton, Hermès, Dior, Chanel” (40). Aziz confie à Zahira toute sa haine pour cette clique aux piètres fantasmes d’exotisme. Il dévoile aussi sa haine de soi et de ce sexe étranger dont il rêve de se défaire. Dans une scène à la fois crue et révélatrice, alors qu’il est sodomisé par un client, un télescopage sensoriel et temporel le projette hors de son réel miteux pour le ramener aux moments parfaits de l’enfance quand, petit garçon choyé par ses sœurs, il était Aziz et Aziza, masculin et féminin confondus. Quand il sera elle, Aziz prendra le nom de Zannouba.“Enfant de sable”à l’identité ambiguë (Tahar Ben Jelloun), Aziz exhume“les voix ensevelies”des éternels colonisés (Assia Djebar). Pour le conforter la veille de son opération, Zahira l’accompagne. Schéhérazade le temps d’une nuit, elle lui conte L’histoire heureuse de Naïma, la prostituée qui a fait son beurre en Suisse, trouve l’amour et échappe à son destin. Elle évoque aussi Zineb, une tante mystérieusement disparue qui,après maintes tribulations dignes de celles de Cunégonde,réapparaît dans la troisième partie. Désormais Aziz-Zannouba doit faire face à sa nouvelle identité transsexuelle, à une autre forme de césure. Dans ce contexte distopique et fataliste, pour ce malheureux troupeau humain en transhumance,“un pays pour mourir”n’est peut-être qu’une construction onirique. Les exilés sont toujours inconsolables. Le maillage narratif de ce roman politique et poétique repose sur un solide culture littéraire et une maîtrise de la langue dont l’auteur fait un couperet pour trucider nos Grands Classiques et quelques préjugés, où qu’ils soient. Auteur et cinéaste engagé, Taïa prépare une thèse sur Fragonard. Décidément, il sait brouiller les pistes. University of Wisconsin, Oshkosh Yvette A. Young Volodine, Antoine. Terminus radieux. Paris: Seuil, 2014. ISBN 978-2-02-113904-4. Pp. 617. 22 a. Hardcore fans of Volodine will find a great deal to like in his latest novel; and the fact that it was gratified with the Prix Médicis will undoubtedly provide a broader 280 FRENCH REVIEW 89.3 Reviews 281 audience for it. The landscape is classicVolodine: somewhere between steppe and taiga, in a place well off any conventional map, a kind of no-man’s-land,“un autre monde” (82). The panorama is not likely to draw many tourists: “Résine, sphaignes pourries, bois en décomposition. Bouffées puantes issues des couches profondes de la terre. Senteurs des écorces, des viscosités stagnant sous les écorces, remugles de larves”(94). The time is some two hundred years after our own—indeed after almost every other time one might imagine, a post-revolutionary, post-soviet, post-exotic moment, a terminal point in human history. The people we meet initially are refugees from the failed Orbise commune: Iliouchenko,Vassilissa Marachvili, and Kronauer, who serves as much as...

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