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Reviewed by:
  • Remembering French Algeria: Pieds-Noirs, Identity, and Exile by Amy L. Hubbell
  • Alison Rice
Hubbell, Amy L. Remembering French Algeria: Pieds-Noirs, Identity, and Exile. Lincoln and London: U of Nebraska P, 2015. isbn 9780803264908. 277p.

Remembering French Algeria: Pieds-Noirs, Identity, and Exile est une étude bien conçue qui contient une approche créative de l’exploration des multiples défis auxquels les Européens nés en Algérie ont dû faire face à partir de 1962, à la suite de la Guerre d’Algérie. Amy Hubbell analyse de manière approfondie et subtile le travail de mémoire lié à ce conflit, dans des contextes à la fois individuels et collectifs, ayant trait à l’identité de ceux qui ont dû partir de l’Algérie après la décolonisation. Évidemment, il s’agit d’un moment historique qui revêt énormément d’importance en France, encore aujourd’hui, plus de cinquante ans après cette guerre qui a abouti à l’indépendance de l’Algérie. L’intérêt de cette recherche, pourtant, ne se limite pas au seul cadre franco-algérien. Les questions d’identité, d’exil et d’appartenance — et les questions concomitantes de la nostalgie et du regret — qui émergent de ce livre, s’avèrent également pertinentes dans d’autres contextes postcoloniaux.

C’est le choix de se focaliser sur les pieds-noirs, qui constitue la contribution originale de cet ouvrage au champ des études postcoloniales francophones. L’auteure montre son expertise, reposant non seulement sur sa connaissance d’un corpus, mais aussi sur son expérience personnelle, dans une publication qui tient compte des œuvres littéraires et filmiques, ainsi que des textes historiques, sans oublier les témoignages personnels. L’association d’informations pratiques et d’analyses littéraires et philosophiques ouvre une perspective équilibrée sur les thèmes examinés dans l’ouvrage.

Amy Hubbell se penche notamment sur les publications des écrivains d’Algérie, renommés pour leurs œuvres composées en français. Elle consacre une partie significative de l’introduction à une explication du nom composé “pied-noir,” étiquette employée tardivement, voire “rétroactivement,” pour évoquer tous ceux qui sont “rentrés” en France pendant et surtout à la fin de la Guerre. Hubbell fait référence au travail du célèbre historien Benjamin Stora afin de souligner le fait que ce nom, “pied-noir,” efface la spécificité des individus qui appartiennent à différentes catégories de Français d’Algérie, et qui ne sont pas tous à l’aise dans cette conception uniforme de leur identité. Stora insiste aussi sur la façon dont cette appellation [End Page 225] omet de mentionner le nom de cette terre d’origine qui revêt tant d’importance pour ceux qui y sont nés. Dans Les Pieds-noirs, publié chez Belfond en 1988, à Paris, Marie Cardinal explique que malgré sa réticence initiale, elle a fini par s’approprier ce terme qui lui a été imposé par les Français de France lorsqu’elle a dû quitter l’Algérie: “Au début nous avons pris ça pour une insulte ou pour une moquerie, ça nous ‘faisait perdre la figure’ de nous appeler comme ça. Et puis nous nous y sommes faits. Personnellement je suis fière d’être pied-noir” (80). La précision que contient cette citation sur la réserve de Marie Cardinal à l’encontre de ce terme et le temps d’accoutumance qu’il a exigé pour elle, — et pour tant d’autres! — est cruciale dans le contexte de cette étude. Hubbell s’appuie en effet beaucoup sur les réflexions de Marie Cardinal, une femme qui a, par excellence, représenté la complexité de l’expérience des pieds-noirs dans de multiples publications. La voix de cette auteure, qui a publié son premier livre en 1962, est indéniablement au centre du livre, mais elle est d’autant plus convaincante qu’elle se fait entendre parmi d’autres, notamment celles d’Hélène Cixous et Jacques Derrida, qui expriment leurs désirs et leurs douleurs par rapport à cette terre commune dans de nombreux...

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