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Reviewed by:
  • Où en est la littérature “beur”? by Najib Redouane, and: Qu’en est-il de la littérature “beur” au féminin? by Najib Redouane et Yvette Bénayoun-Szmidt
  • Alison Rice
Redouane, Najib, coord. Où en est la littérature “beur”? Paris: L’Harmattan, 2012. isbn 9782296992986. 369 p.
Redouane, Najib, et Yvette Bénayoun-Szmidt, coord. Qu’en est-il de la littérature “beur” au féminin? Paris: L’Harmattan, 2012. isbn 9782296993020. 443 p.

Les voix de quarante-cinq critiques littéraires s’unissent autour de la question de la littérature “beur” dans les 812 pages qui constituent les deux volumes inspirés par l’initiative ambitieuse de Najib Redouane, professeur à California State University-Long Beach aux États-Unis. Où en est la littérature “beur”? et Qu’en est-il de la littérature “beur” au féminin? sont des publications complémentaires qui font partie de la collection “Autour des textes maghrébins” chez L’Harmattan, dirigée par Redouane et Yvette Bénayoun-Szmidt de l’Université York-Glendon au Canada. Cette collection contient déjà des ouvrages consacrés à des thèmes comme les clandestins dans le texte maghrébin de langue française, la vitalité littéraire au Maroc et la diversité littéraire en Algérie. Comme ces collectifs précédents, ces deux livres traitant de la littérature “beur” sont remarquables pour la diversité des contributeurs; ceux qui signent les différents chapitres viennent des États-Unis ou du Canada, du Maroc ou de l’Algérie, de la Roumanie ou des Pays-Bas, de la Moldavie ou de la Finlande, de l’Espagne ou de la France. Ces critiques littéraires ont des perspectives et des styles différents, et leurs analyses sont souvent très diverses, et c’est alors une variété rafraîchissante qui marque les deux ouvrages. Il y a des chapitres qui ne font que huit pages qui se juxtaposent à des chapitres qui en font vingt; il y a des bibliographies qui comptent une trentaine de sources à côté de bibliographies qui n’en comportent [End Page 177] que quelques-unes. Cette absence d’uniformité constitue une richesse, car les créations littéraires sur lesquelles ces penseurs se penchent n’appartiennent pas à un genre spécifique ni à des définitions rigides, et la liberté créative des auteurs beurs des années quatre-vingt à nos jours est reflétée dans la liberté critique de celles et de ceux qui nous les présentent dans ces pages d’analyse.

Les introductions aux deux ouvrages sont très bien développées, contenant des informations utiles pour situer les auteurs et les textes dans leurs contextes sociaux, historiques et politiques. Dans ses mots à propos du premier collectif, Redouane souligne l’aspect polémique de l’étiquette “beur” qui figure entre guillemets dans le titre:

Pour beaucoup, le mot “beur” représente un état d’exclusion et de marginalisation dans la société française de jeunes issus de l’immigration maghrébine. En continuant à le porter et à l’accepter, il y a risque de s’enfoncer dans une contradiction: nommer et isoler un groupe métissé justement désireux de s’intégrer à une population dominante, supposée pure, comme les Français de souche pourtant issus de métissages antérieurs.

(51)

Cette première publication est organisée de façon à honorer le mouvement, à la fois temporel et créatif, des écrits “beur” selon Redouane: “Le plan adopté a été guidé par la mouvance chronologique selon une évolution des modes d’écriture témoignant des changements, des transformations et même des limites d’un fait littéraire en constant développement” (31). Mais, même si “la dernière décennie fut, sans conteste, marquée par une grande vague de renouvellement de l’écriture des beurs, voire de rupture avec certaines de ses formes et stratégies d’écriture” (51), il reste néanmoins beaucoup de progrès à faire pour gravir l’échelle sociale:

À vrai dire, trois décennies après la Marche pour l’égalité, rien n’a changé. Pire encore, l’aggravation...

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