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Leonardo,Vol. I, pp. 425429. PergamonPress 1968. Printed in Great Britain MA GENESE PLASTIQUE Jean-Marie Simonnet” VERS UNE SCULPTURE I1arrive parfois a un artiste de s’arrCter devant son travail et d’en Ctre le premier CtonnC sans qu’il puisse pour autant Ctre tax6 de narcissisme bien que Narcisse en personne ne soit pas ttranger au phtnom h e creation. C’est le propre me semble-t-il de toute vtritable crCation que d’interroger son auteur. L‘artiste s’interroge et ne recoit en guise de rCponse que le long cheminement qui fut le sien. RCponse satisfaisante car sa crCation n’est pas pour lui un rksultat final mais bien plut6t une maniitre d’agir dans le temps. Vers dix-sept ansje prenais plaisir aconfectionner de petits tableaux. Exercicesplus ou moins heureux qui jusque vers vingt-deux ans devaient m’aider a assimiler une partie de l’histoire de la peinture contemporaine. C’estverscette Cpoquequej’cleuvrai me semble-t-il avec le plus de luciditC. Je rentrai dtlibkrement dans un monde que je qualifiais de vCgCtal. I1 ne s’agissait pas de copier la nature mais d’exprimerune nature qui sortait naturellement de la toile. Je fis quelque temps ces vCgCtations comme si ma seule fonction Ctait de secrCter de la nature. Paralldement, j’exprimais la mCme chose dans des feuilles de couleur (Canson) ou chaque Clement dCcoupC avec un vaccinostyl (stylet a vaccin) venait se superposer a d’autres. C’est alors que se fitjour une nCcessitC. TrLs vite, je ne supperposai plus des formes, mais j’en vins A dCcouper des formes pour ne retenir que le ntgatif. Ces collages n’Ctaient que le rCsultat d’un certain nombre d’ablations de formes colorCes; la couleur se manifestant comme le resultat de ces ablations. Chaque forme ne trouvait sa raison d’Ctre que dans le fait d’en cacher partiellement une autre et de donner envie de dtcouvrir ce qui n’est pas directement perceptible. 11 ne s’agit pas d’un spectacle, mais d’une invitation a la marche. Chaque surface se prtsente comme une Ctape qui se veut Stre nCcessitCd’aller au-delhjusqu’i la perte de la forme et de la couleur. La troisikme dimension, bien qu’Ctant ramenCe a l’epaisseur des feuilles n’en ttait pas moins rtelle. Je me mis adessiner; c’est alors qu’a mon Ctonnement tout ce monde queje croyaisvCgCtalm’apparut subitement trirs organique. Je dessinai avec beaucoup d’application a I’encre toute une famille de formes primaires: la nature en prCsente souvent de *Sculpteurhabitant 20 rue du Depart, Paris 20, France. (ReGu le 5 mai 1968.) semblables. C’Ctait un dessin de volumes consciencieusement tournCs et modelks jusqu’en leur plus petit dCtail (formes gonflies, gouttes, boules, calculs). Allant voir quelques sketches d’un humoriste, je reGus sur les genoux un ballon de baudruche. De retour chezmoije legonflaiet le suspendis. L‘obsession du volume rond qui semblait Ctre la mienne ce moment a en juger les dessins de cette pCriode trouvait tout a coup son objet. Je collai des bandes de papier-journal sur ce ballon. Apres plusieures couches, j’avais un volume rigide ovo’ide que je pouvais peindre. Une surface qui n’avait ni commencement ni fin, un espace qu’on ne pouvait saisir dans sa totalit6 bien qu’Ctant fini. Cette obsession du volume dCgCnCra en drame. Aprks avoir peint quelques ballons, je n’y tenais plus, je crevai le suivant. Cette dtfloraison est a l’origine de tout. Je rentrai dans la forme pour dkcouvrir une rCalitC. 1 1 ne s’agissait pas d’un jeu dont j’aurais C t C le complice. J’oserai dire que je rentrai dans la forme comme on entre en religion. Je trouvai un reel plaisir a crCer par une dCcoupe un espace. Ce n’ttait pas la forme qui m’intkressait mais le vide qu’elle dkterminait. C’Ctait voir et apprChender la forme de I’inttrieur non de l’exterieur . Pendant un an je collai des bandes de papierjournal sur des baudruches de toute forme. Je crevai ces formes et les assemblai de la manikre la plus classique a la plus...

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