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  • La Cuisine, les romancières britanniques, et la controverse préféministe de la fin du dix-huitième siècle
  • Christine Hivet (bio)

“The pudding is very good,” replied Mr Mapple, “and does great honour to my cousin Biddy, who, I daresay, is the maker.”

“I have often told you,” cried the young lady in a resentful accent, “that my name is not Biddy...A pudding!” repeated Bridgetina reddening with anger, “I do assure you, Sir, you are very much mistaken, if you think that I employ my time in such a manner.”

— Elizabeth Hamilton, Memoirs of Modern Philosophers

Au lieu des idées abstraites que semblait promettre Elizabeth Hamilton, 1 c’est un art bien matériel qui occupe le devant de la toute première scène; loin de disparaître sitôt fait le compliment d’usage, le pudding devient en outre le ressort de l’action. Suscitant une violente réaction de la demoiselle à laquelle il est attribué, il permet de planter le personnage: rebelle invectivant un aîné et faisant fi des règles de la bienséance féminine, Bridgetina Botherim a déjà tout d’une féministe; 2 elle se définit en outre par son refus absolu de mettre les pieds dans la cuisine; enfin, elle est pour le moins peu agréable. Quelques pages ont suffi pour que le lecteur se forge une impression défavorable du personnage, impression fondée sur trois éléments récurrents dans le roman et apparemment indissociables. Antipathique, Bridgetina repousse aussi par son physique, car elle est laide; 3 signalant la jeune fille comme antihéroïne, son caractère et son apparence extérieure rejaillissent sur ses idées pour leur donner une coloration toute négative: le lecteur ne saurait approuver ni le rejet catégorique de la cuisine ni le féminisme dès lors qu’ils sont prônés par un tel personnage. Ces principes sont en effet chers à Bridgetina. Ainsi, accoutumée chez sa mère à voir paraître au moment opportun les repas nécessaires à l’alimentation de son corps mais n’ayant aucune idée des opérations préalables à l’arrivée de cette nourriture sur sa table, lorsqu’elle se retrouve seule à Londres, elle finit par être rappelée à la réalité par les tiraillements de son estomac: “At five o’clock, finding she could energize no longer, she pulled the bell, to enquire whether dinner was ready. ‘Dinner! Ma’am?...I did not know that you were to have any. I received no instructions to make market for you!’” (3:7–8), s’étonne la servante. Le châtiment aussi approprié que peu glorieux que la justice poétique inflige à Bridgetina en la faisant souffrir de la faim exprime clairement la désapprobation de la romancière. Or, c’est en partie par conviction féministe que Bridgetina se dissocie si résolument des affaires de la cuisine, car c’est au beau milieu d’une tirade visant le caractère sexiste de la société qu’elle déplore les fonctions domestiques de la femme, “vile and ignoble bondage! the offspring of an unjust and odious tyranny” 4 (1:196–97). Dès son premier roman, Elizabeth Hamilton impliquait l’existence d’un tel lien de cause à effet entre la [End Page 43] défense des droits de la femme et le rejet des affaires domestiques. Dans Translation of the Letters of a Hindoo Rajah, 5 Miss Ardent s’insurge contre les tâches domestiques et aspire à un avenir meilleur pour les femmes: 6 “[she was led] to value her accidental attainments at so high a rate, as to make her despise not only the weaknesses, but even the domestic virtues of her own sex” (2:103); comme Bridgetina, elle est tout à la fois désagréable, féministe et résolument opposée aux travaux domestiques.

Elizabeth Hamilton ne fut pas la seule romancière de son époque à présenter de telles femmes: Amelia Opie 7 fit de même dans Adeline Mowbray. 8 La mère de son héroïne éponyme est assurément déplaisante: “she never...

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