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Reviewed by:
  • Marguerite Yourcenar and the USA: From Prophecy to Protest
  • Melanie Collado
Deprez, Bérangère . Marguerite Yourcenar and the USA: From Prophecy to Protest. Bruxelles: PIE Peter Lang, 2009. PP 183. ISBN: 978-90-5201-563-7. $42.95 (Paper).

Première femme élue à l'Académie Française, célébrée pour son érudition et pour le talent avec lequel ses récits donnent chair au passé, on en oublie parfois que Marguerite Yourcenar a vécu la plus grande partie de sa vie d'adulte aux États-Unis. Lorsqu'on s'en souvient, c'est le plus souvent pour évoquer la petite maison sur l'île Mount Desert comme un lieu de retraite studieuse où l'écrivaine faisait revivre, en toute quiétude, aux côtés de sa compagne, un monde disparu sans rapport avec son pays d'adoption. Bérangère Deprez réfute l'idée, selon elle trop répandue, que le continent américain n'a pas joué le moindre rôle dans l'œuvre de Marguerite Yourcenar.

Dans Marguerite Yourcenar and the USA: From Prophecy to Protest, Deprez se donne pour mission d'explorer l'influence que les États-Unis ont pu avoir sur Yourcenar. Puisant dans divers textes de l'écrivaine, dans les études qui lui sont consacrées, dans des documents biographiques, dans la bibliothèque personnelle de l'auteure, ainsi que dans des entretiens avec des personnes ayant fréquenté Yourcenar et Grace Frick, Deprez entreprend de démontrer que l'Amérique a bien été une des sources d'inspiration pour la romancière. Certes, elle n'a peut-être été qu'une source parmi d'autres, mais elle n'est pas négligeable. Deprez rappelle aussi, à ceux qui l'auraient oublié, le multiculturalisme de Yourcenar — que cette dernière revendiquait — et sa connaissance approfondie de la langue et de la littérature anglaise et américaine. Selon Deprez, et contrairement à ce que pensent certains biographes, le fait que l'intrigue des romans de Yourcenar ait parfois été conçue plus de vingt ans avant leur parution, alors que l'auteure vivait encore en Europe, n'exclut absolument pas l'Amérique comme source d'inspiration. C'est même précisément dans la façon dont Yourcenar étoffe ses écrits (dans la façon dont ils prennent chair pendant de longues périodes de maturation) que Deprez recherche et trouve des traces de l'expérience américaine.

Deprez procède à l'analyse de Mémoires d'Hadrien, L'OEuvre au noir et Un homme obscur dans la première partie de son étude, repérant les liens entre les récits et le monde américain où évolue la romancière. Elle souligne les passages qui peuvent être reliés à des évènements comme Hiroshima, le maccarthisme et la guerre du Vietnam, mais aussi les descriptions de paysages qui évoquent la nature presque vierge que Yourcenar découvre en Amérique du Nord. Dans sa deuxième partie, Deprez se concentre sur l'engagement de Yourcenar dans le mouvement de protection de l'environnement et des animaux et sur le recours aux lettres de protestations considérées comme indissociables de la tradition américaine. Il semble que l'influence la plus notable de la culture américaine sur [End Page 113] l'écrivaine se manifeste justement dans ce goût pour la littérature de contestation dont Deprez relève la présence dans des préfaces, des postfaces et bien sûr des essais dont « Bêtes à fourrure », « Qui sait si l'âme des bêtes va en bas? » et «Une civilisation à cloisons étanches », trois articles qu'elle analyse.

L'ouvrage de Bérangère Deprez nous incite à relire les textes de Yourcenar en adoptant une perspective qui ne peut être qu'enrichissante puisqu'elle nous conduit à sortir l'écrivaine de sa boîte d'immortelle en habit vert tournée vers le passé. Il est vrai que les textes les plus connus de Marguerite Yourcenar sont des récits historiques dont l'action se déroule en Europe. Pourtant, comme cela a si souvent été dit, ce qui leur...

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