In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • L’art de faire peur: des récits légendaires aux films d’horreur
  • Rachel Bouvet (bio)
Martine Roberge, L’art de faire peur: des récits légendaires aux films d’horreur Québec, Les Presses de l’Université Laval, coll. Ethnologie de l’Amérique française, 2004, xiv-231 p.

Cet ouvrage présente la version remaniée d'une thèse en ethnologie proposant une étude fort intéressante de la représentation de la peur dans le discours oral et le discours médiatisé, à partir des trois genres que sont le conte, la légende et la rumeur, et du cinéma d'horreur. Divisé en quatre chapitres, il explore successivement six volets : un aspect épistomologique, tout d'abord, qui donne l'occasion de réfléchir à la question de la peur, ses origines, ses relations avec la culture, avec l'imaginaire collectif, sa mise en récit, bref un ensemble de réflexions tout à fait pertinentes permettant de plus de définir les préalables théoriques et conceptuels. Il est clair dès le début que l'analyse se fera sous l'angle de la communication, ce qui explique la priorité donnée au message dans le discours ainsi qu'à sa visée. Quant à la dimension symbolique, qui fait également l'objet de l'étude, elle est abordée surtout à partir des structures archétypales qui régissent l'imaginaire collectif, défini comme « un élément essentiel mais ambivalent de toute dynamique sociale » (Dictionnaire général des sciences humaines, cité p. 28). C'est donc la portée sociale du discours qui est en jeu dans cet ouvrage, qui tente de comprendre un phénomène récent — le succès du cinéma d'horreur auprès du public — et d'établir une continuité avec les formes discursives orales l'ayant précédé (contes et légendes).

Le deuxième chapitre explore l'aspect expérimental et modélisant, à partir de l'étude du cinéma d'horreur. Afin de définir ce dernier, l'auteure reprend bien sûr les travaux menés sur ce genre (Andrevon, Ross, Oddos, etc.), mais aussi l'épineuse question du genre fantastique, en ayant recours aux définitions proposées par Caillois, Vax et Todorov notamment. On peut trouver dommage que les travaux plus récents sur le sujet n'aient pas été pris en considération, notamment les travaux de Denis Mellier (L'écriture [End Page 157] de l'excès. Fiction fantastique et poétique de la terreur, Paris, Honoré Champion, 1999), qui établissent une distinction fort intéressante entre le fantastique de l'indétermination et le fantastique de la terreur, de la monstration, ce dernier étant beaucoup plus proche de la tradition anglo-saxonne et du cinéma d'horreur. Par ailleurs, puisque la question de l'effet apparaît importante dans l'horreur comme dans le fantastique — « L'effet recherché par ce type de cinéma est avant tout de provoquer une réaction chez le spectateur, que ce soit une réaction de peur ou de dégoût ou même, un mélange des deux » —, on aurait pu s'attendre à ce que les études sur ce sujet soient convoquées (voir notamment Rachel Bouvet, Étranges récits, étranges lectures. Essai sur l'effet fantastique, Montréal, Balzac/Le Griot, coll. L'Univers des discours, 1998). Ceci aurait permis d'approfondir les liens entre fantastique et horreur et de mieux comprendre comment le gore a pris le relais de la littérature d'épouvante, surtout dans la tradition anglo-saxonne, ce que ne permet pas vraiment le découpage établi dans les années 1970 entre fantastique, merveilleux, science-fiction et étrange. L'enquête menée auprès de quatre-vingts informateurs-spectateurs complète la discussion théorique et révèle que la classification des films (horreur/fantastique/sf) diffère selon qu'elle est établie par le guide vidéo ou par le spectateur. Très clairement, pour ce dernier, « la réaction de peur constitue la fonction du message du cinéma d'horreur ».

Le troisième...

pdf

Share