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HUMANITIES 305«C'est pourquoi j'affirme que 1'ecole [...]»; «L'enseignant doit amener les eleves [...]»; «L'acte pedagogique doit finir par coincider [...]»; «La question qu'on doit se poser est: doit-on hierarchiser [...] »; «J'affirme que trop de gens [...]»; «J'affirme que les probabilites [...]». Pour un essayiste si prompt a proner la liberte, cette intransigeance Ie transforme en inquisiteur. Concluons avec ceci: «11 ne fait pas de doute que l'enseignant quebecois doit tenir compte que Ie texte ecrit a une valeur.» De deux choses 1'une: ou bien l'essayiste presente cette evidence comme Ie fruit d'une intense refiexion, des lors voila une lapalissade de plus appretee a la maniere Roy; ou bien nous devons desesperer des enseignants quebecois ; auquel cas, il faudrait nommer Jean Larose ministre de l'Education ... (ROBERT YERGEAU) Yvan Lamonde, Louis-Antoine Dessaulles. Un seigneur liberal et anticlerical Montreal, Fides, 369 p., 24,95$ Yvan Lamonde, Louis-Antoine Dessaulles. Ecrits Edition critique· Montreal, Les Presses de l'Universite de Montreal, 382 p., 44$ De loin Ie plus illustre representant du liberalisme quebecois au XIXe siecle, Louis-Antoine Dessaulles n'a jusqu'a a present que peu retenu l'attention des chercheurs. Son importance dans l'histoire des idees au Quebec justifie pourtant qu'on lui fasse un meilleur sort. Les deux derniers ouvrages d'Yvan Lamonde visent precisement a mieux faire connaHre la vie et l'ceuvre de celui qui, dans un sens, incarne l'envers de l'histoire connue du Quebec. Etude biographique rigoureuse, Ie premier de ces ouvrages retrace la vie mouvementee a souhait de seigneur, journaliste, auteur, homme politique et fonctionnaire que fut Louis-Antoine Dessaulles. Beneficiant d'une connaissance precise des ecrits public et prives de Dessaulles, Lamonde suit a la trace ce personnage au destin pour Ie moins tragique et paradoxal. Ne riche et seigneur de Saint-Hyacinthe, Dessaulles meurt pauvre et exile. Democrate convaincu, il devient pourtant membre du Conseillegislatif. Seigneur, il reclame l'abolition du regime seigneurial. Forme par des pretres qu'il estime et fils d'une mere pieuse, il est pourtant reconnu comme un anticlerical a tous crins. Partisan de la raison et redoutable polemiste, habile a eventer l'illogisme de ses adversaires puissants, il manque singulierement de jugement dans la conduite de ses propres affaires, quand il n'est pas victime de charlatans et de reveurs. Fascine par les prodiges de la science et les inventions modernes, il poursuit sans cesse des chimeres, y laissant sa fortune et sa reputation. Lamonde ne s'etend guere sur la vie privee de Dessaulles - notamment sur sa relation avec sa femme, sur ses relations ambigues avec Fany 306 LETTERS IN CANADA 1994 Leman, confidente intime de Dessaulles, etc. -, mais s'attarde plutOt a la relation et a l'analyse, fort interessante, des multiples polemiques que livre Dessaulles aux forces ultramontaines et clericales, dont Mgr Bourget, son plus coriace adversaire. Deja anticlerical et liberal dans sa jeunesse sous l'influence de son oncle Louis-Joseph Papineau et du penseur fran- <;ais Felicite de Lamennais, Dessaulles Ie demeure tout au long de son existence. Au risque de se voir de plus en plus isole et persecute, il n'aura de cesse dans ses multiples ecrits et conferences publiques de defendre directement ou indirectement un liberalisme fonde sur la raison, la tolerance, les grandes libertes et la separation de l'Eglise et de l'Etat. L'ouvrage de Lamonde contribue a reconstituer une periode moins connue de la vie de DessaulIes, soit sa deroute financiere (1870-1875) et ses vingt annees d'exil d'abord en Belgique (1875-1878), pays biculturel, bilingue et bireligieux sur lequel il porte un regard percutant, puis, de 1878 jusqu'a sa mort en 1895, dans la France de la me Republique. Lamonde rappelle les differents lieux de sejour de Dessaulles, rapporte les activites (lecture, correspondance et ecriture) qui meublent sa vie d'exil, ses rencontres avec des Canadiens de passage en France, tels Hector Fabre et Louis-Honore Frechette. Comme toutes les biographies, celIe de Lamonde fait necessairement appel a un certain nombre de schemas interpretatifs, voire a une theorie (du moins implicite) de la biographie comme genre et comme moyen de connaissance historique. II est curieux toutefois que Lamonde n'aborde cette question theorique que dans la conclusion de son ouvrage. «II est impossible, nous dit-il, de conclure une biographie sans conclure sur la biographie comme genre. II faut done conjuguer ici la theorie d'une pratique et la pratique de cette theorie.» La conjugaison arrive un peu tard, et aurait sans doute dD. venir dans l'introduction, afin que Ie lecteur ait une idee, des Ie depart, des orientations prises par Ie biographe. Autant dire, a la suite de Robert Major (Voix et images, hiver 1995), qu'il faut commencer la lecture de cet ouvrage par sa conclusion. Comme Ie precise Lamonde, «la grande tentation de la biographie reside dans la generalisation et [...] sa tache de Sisyphe consiste a continuellement montrer les limites de la representativite collective ou sociale de tel ou tel individu ». Ainsi, bien que la vie et les ecrits de Dessaulles permettent de tracer une interessante trajectoire du liberalisme canadien et quebecoise, des insurrections de 1837 et de 1838 au discours de Laurier en 1877, Lamonde prend soin de preciser que« Dessaulles tranche sur ses contemporains. Son anticlericalisme porte la marque d'un radicalisme qui Ie rend plutot atypique de sa societe ». On aurait tort toutefois de sousestimer l'influence de Dessaulles. Au demeurant, son radicalisme n'a-til pas rendu necessaire, tout autant qu'ill'a rendu possible, Ie liberalisme renouvele que propose Laurier a la fin du siecle? Lamonde n'hesite pas a l'affirmer et a considerer Dessaulles comme «une exceptionnelle HUMANITIES 307 personnification de cette trame fondamentale de l'histoire du Quebec aux xIxe et xxe siecles ou se croisent Ie liberalisme, I'anticlericalisme et Ie nationalisme ». Dans un second ouvrage sur Dessaulles, Lamonde complete Ie portrait de l'homme en proposant une edition critique de certains de ses Eerits. En fait, l'ensemble des Eerits de Dessaulles se compose d'une reuvre publiee (sept volumes totalisant 1347 pages, sept brochures faisant environ 300 pages et 619 articles dans 17 journaux) et d'une reuvre manuscrite, constituee, pour la seule correspondance, de quelque 1160 lettres . L'edition de tous ces textes s'averant pratiquement impossible, il fallait done proceder aun choix qui, comme tous les choix, peut paraitre arbitraire. II s'agissait, selon Lamonde, d'illustrer

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