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  • Afrique subsaharienne
  • Karen Bouwer

“L’événement” de la cueillette la plus récente est sans doute la parution d’Une enfant de Poto-Poto de Lopes, son premier roman depuis Dossier classé (Éditions du Seuil, 2002), qui a été suivi par l’essai Ma grand-mère bantoue et mes ancêtres les Gaulois (Gallimard, 2003). Lire ce roman à côté du numéro de Yale French Studies consacré à la littérature africaine francophone nous offre en quelque sorte deux versions, une romanesque, l’autre académique, des questions qui s’imposent de façon insistante ces jours-ci: problématiques de résidence et de mobilité des auteurs, de modes publicitaires et d’“africanité,” de définition (“littérature francophone” ou “littérature-monde”) et ainsi de suite (voir les recensions ci-dessous). Liée à ces interrogations nous voyons également une résurgence de discours sur la négritude, par exemple dans l’essai de Mabanckou mais surtout l’ouvrage d’Abiola Irele, The Negritude Moment (Africa World Press, 2011) qui reprend des essais publiés ailleurs entre 1965 et 2006. Irele constate dans son introduction que “the concept of Negritude has never, it seems, been more relevant than in this our postcolonial age” (xi). Il attribue l’intérêt suscité de nos jours à l’apparition d’une nouvelle conscience raciale noire en France (xii), une question également abordée par Mabanckou.

C’est avec plaisir que nous notons la parution d’un ouvrage d’hommages dédié à Ambroise Kom, dont l’influence sur la critique littéraire africaine est notable bien que surtout célébrée au Cameroun. La collection de contributions nous parvient de la maison d’édition Ifrikiya et le texte lui a été dédicacé le 8 juillet 2011 à la librairie des Peuples noirs à Yaoundé. Nommons, parmi ses récentes publications, La Malédiction francophone: défis culturels et condition postcoloniale en Afrique (Hamburg: lit; Yaoundé: cle, 2000).

Œuvres de création

Bessora. Cyr@no. Paris: Belfond, 2011. isbn 9722714449993. 239 p.

Comme on peut s’y attendre, étant donné l’arobase du titre, la correspondance électronique, les textos et les sites de rencontres en ligne contribuent à introduire de façon ludique cette version de la pièce classique au vingt et unième siècle. Histoires d’amour ratées, de rêves écrasés, de jeux de cache-cache, le tout enrobé d’envolées linguistiques qui vont du châtié au barbarisme, du rarissime au familier, voire au grossier. La Roxane de Bessora est une coiffeuse qui rêve d’être comédienne. Elle entretient un dialogue soutenu avec son alter ego Cyrano. Lors [End Page 200] d’un casting, on l’entend dire: “Ne viens pas polluer ma scène, Cyrano, je te prie. Or ça tu prétends, putasse, balanstiquer mes penchants à la Comédie?” (8). Son apparence (est-ce que son grand-père était tirailleur sénégalais?) lui pose problème: “Trop typée. Pas assez?” (12). Plaquée par mail et par Christian (après une rencontre amoureuse) et par Mélodie (après le casting), le vocabulaire des domaines de l’amour et du travail se confond: “je ferai tout pour qu’il m’engage à nouveau, même dans les conditions précaires d’un contrat à durée déterminée” (68). Alors, que faire? “Ne me reste qu’à me standardiser à outrance, grâce à la fibre optique. Peut-être pourrai-je alors reconquérir Christian, à défaut de séduire Mélodie?” (69). C’est-à-dire s’exposer “au rayon des femmes à vendre” sur “Love on the Net» (69). Ainsi naît Cyr@no.Comment va finir cette histoire d’identités multiples, de précarité sociale, dans laquelle revient en refrain vers la fin du roman: Vulnerantomnes, ultimanecat?

Guissé, Ameth. Femmes dévouées, femmes aimantes. Paris: L’Harmattan, 2011. isbn 9782296548794. 239 p.

Le titre même de cet ouvrage suggère un hommage aux femmes de la part de ce diplômé de l’École supérieure d’administration des entreprises de Paris et “membre fondateur de la société Elton Oil Company, une des plus illustres sociét...

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