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Leibniz et la th6orie physiologique FRAN(~OIS DUCHESNEAU RIEN N'EST PLUS INASSIGNABLE, serions-nous tent6 d'affirmer, que le lien qui unit la m6taphysique de Leibniz h sa th6orie de l'&re vivant. La plupart des commentat~urs verraient dans une telle affirmation le plus insoutenable des paradoxes. En effet, Leibniz, en reformulant les lois cart6siennes du choc h partir du th6or~me des forces vives, ncse donne-t-il pas la possibilit6 de mettre des "principes de vie" h la source de tousles 6changes m6caniques qu'expriment les ph6nom~nes? D'autre part, l'entr'expression monadique n'est-elle pas le garant d'une conciliation des s6ries des causes efficieutes et des causes finales, sous la loi d'tme harmonie transcendante, et, dans ces conditions, les rapports t616ologiques qui sous-tendent un organisme, par ailleurs soumis ~tla n6cessit6 natureUe des m6canismes, ne se trouvent-ils pas fond6s sur une base rationnellement ind6fectible? N'est-ce pas chez Leibniz que les biologistes du XIXe si~cle, y compris Claude Bernard, ont trouv6 cette concordance de la mathesis et de la structure des ph6nom~nes vitaux, qui leur semblait la th~se philosophique la plus conciliable avec une biologie revendiquant ~tla fois la sp6cificit6 de son objet et la rigueur de son al16geanee h la logique des sciences exactes? Reste 6videmment que Claude Bernard a ressenti la n6cessit6 de prendre ses distances par rapport au syst~me de Leibniz et de choisir assez nettement l'une des branches des antinomies que Leibniz avait pr6tendu surmonter dans la synth~se monadologique. Ce faisant, il adopte et d6veloppe la conception du d6terminisme des ph6nom~nes vitaux qui ressortait des analyses d'Auguste Comte dans le tome III du Cours de philosophic positive: "si le mot d6terminisme, que j'ai employ6, n'est pas nouveau, l'acception que je lui ai donn~e en physiologie exp6rimentale est nouveUe; et cela devait ~tre, puisque Leibniz l'avait appliqu6 seulemerit h des objets purement m6taphysiques, tandis que je l'appliquais au contraire des objets physiques, pour caract6riser la m6thode de la science physiologique.''1 La suite du texte iUustre le souci de C. Bernard de lever l'ambiguit6 qui s'attache ~ la loi leibnizienne des s6ries, du fait qu'elle requiert rharmonie pr66tablie comme raison suffisante. Ce que le promoteur de la physiologie exp6rimentale et avec lui tout le mouvement des philosophes qui con~oivent la philosophie biologique comme devant se fonder sur les bases d'une 6tude positive des ph6nom~nes vitaux sp6cifiques, reprochent Leibniz, c'est de n'avoir point conqu qu'il pfit y avoir des s6ries de ph6nom~nes physiologiques soumis ~tdes lois autonomes, exp6rimentalement assignables.2 1 Claude Bernard, Lemons sur les phdnomdnes de la vie communa aux animaux et aux v~gdtaux (1878) (Paris: Vrin, 1966),pp. 55-56. 2 Ibid., p. 56: "Lorsque Leibnitz disait: 'L'~me humaine est un automate spirituel', il formulait le d~terminisme philosophique. Cette doctrine soutient que les ph~nom~nesde l'Lrne, eomme tousles ph6nom~nes de l'univers, sont rigoureusement d6termin6spar la s&ie des ph6nom~nes ant6e6dents, inclinations, jugements, pens6es, d6sirs, pr6valenee du plus fort motif, par lesquels l'fime est entrain6e. C'est la n6gation de la libert6 humaine, rafflrmation du latalisme. Tout autre est le d6terminisme physiologique. II est rexpression d'un fait physique. I1 consiste darts ce prineipe que chaque ph6nom~ne vital, eomme ehaque ph6nom~ne physique, est invariablement d&ermin6 par des conditions physico-ehimiques qui, lui permettant oll remp~chant d'apparaitre, ell deviennent les conditions ou les causes matdrielles immddiates ou prochaines. [28H 282 HISTORY OF PHILOSOPHY Nous laisserons de c6t6 la question des fondements de la logique exptrimentale de Claude Bernard. Et nous sommes mtme disposts h dtnoncer dans la critique bernardienne le prtjug6 anti-mttaphysique qui est un proctd6 trop facile dans l'analyse de la connaissance scientifique. Mais poulIions-nous pour autant retracer une thtorie leibnizierme de l'ttre vivant qui rtsist~t au reproche d'inconsistance? Ce qui ajoute ~tl'importance de la question, c'est d'une part, que la monadologie leibnizienne a jou6 un r61e dtterminant dans la constitution des thtories physiologiques prt-bernardiennes; c'est, d'autre part, qu...

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