Abstract

En juin 2008, le gouvernement du Québec a modifié la Charte des droits et libertés de la personne pour y ajouter deux mentions portant sur le droit à l'égalité entre les hommes et les femmes. L'article 10 de la Charte interdisait déjà la discrimination basée sur le sexe. L'adoption de cette loi, qui reconnaît l'égalité entre les sexes comme une valeur fondamentale de la société québécoise, a soulevé d'importantes questions juridiques, politiques et sociales. Le mouvement des femmes, qui n'avait pas demandé un tel ajout et qui n'avait pas été consulté, a été interpellé malgré lui. Cet amendement a fait remonter à la surface un débat latent entre féministes de souche et féministes des communautés culturelles au Québec: le débat sur le « Nous-femmes ». Par l'analyse des mémoires présentés par des groupes de femmes et d'autres groupes sociaux lors des travaux de la Commission des affaires sociales sur le projet de loi 63, le présent article explore les différentes manifestations de la dissension au sein du mouvement féministe québécois sur cette question. L'analyse met en lumière la difficulté de définir le « Nous-femmes », d'établir des priorités et de proposer des stratégies. Le droit à l'égalité est-il encore au coeur des demandes des groupes de femmes ?

Abstract

In June 2008, the government of Québec amended the Charter of Human Rights and Freedoms, adding to section 10, which already prohibits sex discrimination, two sections specifically recognizing women's equality with men. The enactment of this law recognizing gender equality as a fundamental value of Québec society has raised very important legal, political, and sociological issues. The women's movement, which had not requested such an amendment and which had not been consulted, was forced to respond to it nonetheless. This amendment brought to the surface the latent debate between "pure laine" feminists and feminists from the cultural communities in Québec—the debate on "we-sisters" ("nous-femmes"). By analyzing the representations made by women's groups and other social groups before the Social Affairs Commission whose task it was to reflect on Bill 63, this article seeks to explore the various manifestations of dissension on this issue within the Québec feminist movement. The analysis highlights the difficulty of defining "we-sisters," of building priorities, and of establishing strategies. Is the right to equality still at the heart of women's demands?

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