In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

335 20 Logique De L’ecrit, Logique De L’oral: Conflit Au Coeur De L’archive M Mamousse Diagne Université Cheikh Anta Diop, Dakar Dans l’Archéologie du savoir, Michel Foucault écrit:« L’archive, c’est d’abord la loi de ce qui peut être dit, le système qui régit l’apparition des énonces comme évènements singuliers. Mais l’archive, c’est ce qui fait que toutes ces choses dites ne s’amassent pas indéfiniment dans une multitude amorphe [ ... ], qu’elles se groupent en figures distinctes, se composent les unes avec les autres selon des rapports multiples, se maintiennent ou s’estompent selon des régularités spécifiques ; ce qui fait qu’elles ne reculent point du même pas avec le temps, mais que telles qui brillent très fort comme des Etoiles proche nous viennent en fait de très loin, tandis que d’autres toutes contemporaines ion; déjà d’une extrême pâleur: »1 La thématique qui nous réunit se livre à l’arrière-plan du texte que nous venons de citer longuement. La métaphore astronomique qui clôt la citation, donne très exactement à lire (ou à entendre) la voix de bronze d’un vieil aveugle vantant les exploits des Achéens sous les mursde Troie, pendant que nombre de discours (dont celui-ci) s’évanouissent sitôt profères. La relation a la parole dite, comme exercice de la mémoire, encadrée par les lois qui président à l’énonce et conditionnent l’écoute, fonde les protocoles d’engendrement et de rupture des savoirs ancien et moderne dans l’acte par lequel nous les rapportons l’un a l’autre. Si l’arche s’accompagne de l’édiction du nomos, c’est que celui-ci trace la ligne de partage du dicible et de l’indicible. L’indicible: ce qui ne peut pas encore se dire, qui est en marche, « car il faut du temps, même à la lumière des Etoiles, pour parvenir aux hommes » (autre 1 M. Foucault, L’archéologie du savoir, Gallimard, 1969, p.170. 336 métaphore stellaire, du Gai savoir, cette fois). Ou l’indicible, comme ce qui, au seuil du vouloir-dire, échoue à se dire; ce qui « ne peut monter jusqu’il la langue parce qu’il n’est pas monte jusqu’au cœur », pour user des mots de Saint Augustin qui résument la tradition de la théologie négative. Ou encore, l’indicible comme clôture a l’accès rigoureusement contrôle, selon une loi de répartition des paroles et des sujets parlants eux-mêmes, Rapporter les savoirs anciens aux savoirs modernes, c’est penser les lois qui les régissent, les modalités sous lesquelles ils se donnent, le lieu d’où germent les questions que nous posons, la nature des liens ou des ruptures que nous croyons déceler et dont il faudra établir à chaque fois la pertinence. Notre thèse fondamentale consiste à soutenir, avec quelques auteurs, que les civilisations africaines traditionnelles sont des civilisations de l’oralité2 . Entendons : des civilisations qui n’usent pas ou ne font qu’un usage marginal du support écrit, dans lesquelles les messages sont des « paroles ailées qui volent de bouche à oreille » selon la belle formule d’Homere. D’où l’hypothèse suivante: si les savoirs traditionnels sont génères par des cultures orales, alors que les savoirs modernes relèvent de cultures et de pratiques scripturaires, il est à prévoir qu’ils présenteront des traits spécifiques dans leur production, leur agencement et les modalités de leur transmission. En effet, dans une culture orale, il se produit des phénomènes remarquables, qui sont absents ou n’ont pas la même fonction dans une culture scripturaire. On peut signaler, entre autres, le recours fréquent aux images et aux métaphores et la mise en scène sous la forme d’une histoire qui, à son terme, délivre un enseignement à retenir. Commentant un texte de Hieronyme (rapporte par Diogène Laerce) qui narre comment Thales mesura la hauteur des pyramides d’après leur ombre, Michel Serres fait cette remarque : « Dans une culture de tradition orale, récit tient lieu de schéma, scène vaut intuition [...] De bouche à 2H. Aguessy, « Les religions africaines comme effet et source de la civilisation de l’oralité », in Les religions africaines comme source de valeurs de civilisation...

Share