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164 Les étudiants africains et la littérature négro-africaine d’expression française 36 Un hymne au sens de l’honneur : Du sang pour un trône ou Gouye Ndiouli un dimanche de Cheikh Aliou Ndao Madior Diouf Maître-Assistant Dakar, le 17 avril 1983 L’auteur de L’Exil d’Albouri vient de faire paraître sa sixième pièce : Du sang pour un trône ou Gouye Ndiouli un dimanche. Par son projet implicite d’édification sur l’honneur, son information historique, sa facture également, cette pièce de Cheikh Aliou Ndao dit de manière persuasive que la veine historique est encore féconde dans le théâtre sénégalais. Le cadre qui en est le Saloum et sa province du Ndoukoumane, les faits évoqués qui concernent les relations du Cayor et du Saloum, la création des personnages qui met l’accent sur le sens de l’honneur, l’esprit même de cette évocation d’un aspect pénible du passé révèlent une constante de la création dramatique de l’auteur. Le relief donné à ce qu’il y avait de plus grand dans nos valeurs et le souci de le proposer en exemple. Avec Gouye Ndiouli un dimanche, Cheikh Aliou Ndao recrée l’univers de L’Exil d’Albouri : la Cour, le Conseil du royaume, la préparation de ses séances, les discussions politiques où apparaît un sens élevé de l’Histoire, un certain «guévarisme» de la résistance à l’entreprise coloniale. Le damel Macodou qui a perdu le trône du Cayor n’est pas exactement préoccupé d’obtenir au Saloum un sceptre de rechange. Sans doute, souhaite-t-il que son fils Samba Lawbé, roi du Saloum, abdique en sa faveur. Mais son projet qui rappelle celui d’Albouri fait du trône du Saloum l’élément d’un plan de résistance à la colonisation comportant l’alliance avec le «Foutanké». Le damel Macodou a la même hauteur de vue qu’Albouri. L’idéal qu’il sert est identique à celui du roi du Djoloff. Son éthique le rapproche encore de Bourba. Mais Cheikh Ndao n’a pas écrit deux fois la même pièce. Gouye Ndiouli un dimanche est un précieux document historique avant d’être un hymne au sens de l’honneur. Les événements fort simples ne constituent pas l’essentiel à ce sujet. Le damel Macodou perd son trône et demande à son fils Samba Lawbé, pour les besoins de son projet de résistance à la colonisation, de lui céder le trône du Saloum. C’est ignorer la tradition en ce fief des guélawars, où ce geste n’eut jamais d’exemple. Le Conseil du Saloum s’effarouche des prétentions de Macodou et le roi Samba Lawbé destitue le beuleup du Ndoukoumane pour avoir accueilli le damel et finit par exterminer son propre père et les forces de celui-ci dans la plaine du Gouye Ndiouli. Cet affrontement fraticide entre princes du Ndoukoumane, divisés par Samba Lawbé et aussi entre le roi du Saloum et son père, n’est pas l’intérêt dominant de la pièce. L’intérêt historique réside d’abord dans le relief particulier que Ndao a su donner aux différentes fonctions composant le pouvoir royal au Saloum. Il les a incarnées dans des personnages vivants : Bisik, Bisset, Farba, Diaraf, Fara Dioung 165 Les étudiants africains et la littérature négro-africaine d’expression française Dioung. Le sérieux et la fermeté avec lesquels chacun d’eux assume son rôle à la Cour révèlent un pouvoir très organisé et très partagé, bien qu’il s’agisse d’une royauté. Jaraaf est un roi sans sceptre. L’importance de son pouvoir impressionne. Elle n’est pas fondée sur la différence d’âge entre Samba Lawbé et lui. Jaraaf et Farba sont à la fois mémoire et bouclier du royaume. Ils incarnent la tradition et son respect scrupuleux. Ils ont même le pouvoir de bannir le roi, s’il se montre indigne, en ordonnant de battre le «jiin» qui fait les rois errants et proscrits. Cheikh Ndao a élaboré par une image fidèle de l’équilibre des pouvoirs entre les guelwars et les lamanes au moment de l’organisation du pouvoir central au Saloum comme au Sine...

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