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23 Clarifier les lectures La question du genre a le plus souvent été vue comme concernant principalement – voire uniquement – les femmes. Le concept de génération est encore largement occulté, au détriment des jeunes. L’idée de la citoyenneté – et celles de la démocratie et de la gouvernance, qui y sont liées – est considérée comme trop « politique » (sensible, risquée) pour être abordée sans précautions. Et l’option sur les TIC comme enjeu de développement est marquée par le fantasme et l’imaginaire. Pour lier chacun de ces concepts dans une problématique convergente, il faut en explorer les histoires et les dérives. Identifier les biais Avec le recul de 25 années d’engagement pour l’abandon de l’excision, il est maintenant plus facile de cerner sur quels biais cognitifs (visions, concepts), culturels (principes, politiques), méthodologiques et stratégiques sont basées les initiatives et interventions institutionnelles publiques menées sur l’excision, les résultats auxquels cela aboutit et les possibles perspectives de renouvellement. Affaire de femmes, question de genres La question de l’excision a toujours été considérée comme concernant les femmes et donc comme une « question de femmes », liée principalement, voire uniquement, au genre féminin. De ce fait, les actions de terrain ont presque exclusivement concerné les organisations de femmes, en tant qu’actrices, relais ou bénéficiaires. Les hommes – du moins ceux d’entre eux qui sont identifiés par leurs fonctions publiques (les décideurs, communicateurs, leaders religieux…) – n’ont été impliqués dans la question de l’excision que comme « défenseurs » (publics) des femmes (définies par leur rôle social de mères, filles, tantes, aïeules…) « victimes »1 de l’excision. On a commodément ignoré que le genre masculin - les hommes (au travers de leur rôle social en tant que pères, époux, 24 Excision : les jeunes changent l’Afriaque par le TIC fils, frères, oncles, aïeux…) - peut avoir une sensibilité personnelle et socialement construite, explicite, même si non exprimée, relativement à la question de l’excision. Ils reçoivent une éducation genrée2 sur cette question, du type « la sexualité relève du domaine privé ». Ils connaissent des intérêts de genre – notamment en termes de pouvoir de décision et de responsabilité agissante sp écifiques à leur appartenance au sexe masculin, à faire valoir dans la question de l’excision, en dehors et au-delà d’un rôle de solidarité/protection qu’ils ont (ou auraient) à entretenir envers les femmes et le genre féminin. Marginalisation et mondialisation Le statut de l’excision a toujours été marginal. En tant que pratique, elle l’est globalement en ce qu’elle ne concerne, à l’origine, que certaines régions, certaines ethnies3 . En tant que pratique sociale intervenant sur le privé (le sexe) des femmes, elle est invisibilisée4 , tabou, indicible. Quand elle est finalement devenue une préoccupation publique5 , elle a volontairement été cantonnée à l’espace des femmes. En tant que domaine de recherche, elle constitue une annexe de la santé reproductive, connue, en termes de prévalence, au travers de quelques questions additionnelles aux Enquêtes démographiques et de santé. Hormis un regain d’intérêt suscité par sa contribution théoriquement possible à la propagation du SIDA, l’excision n’est jamais vraiment sortie de son statut marginal. Bien qu’elle se soit répandue dans le monde avec les migrations internationales, l’excision ne semble pas être concernée par l’évolution actuelle de l’Afrique, et notamment son entrée dans une société mondialisée. Cette marginalisation se traduit par le fait que seules certaines catégories de personnes – les expert-es de l’excision, et, dans les communautés excisantes, le personnel de santé et les organisations de femmes – connaissent plus ou moins le contenu de la question, alors que la grande masse de la population est « simplement » sensibilisée, par les médias notamment, au spectaculaire de la question. Les jeunes, et en particulier les jeunes hommes, font partie de cette seconde catégorie, y compris dans ces communautés excisantes. [18.220.137.164] Project MUSE (2024-04-26 15:22 GMT) 25 Clarifier les lectures L’excision n’a jamais donné lieu à partenariat, alliance, avec les secteurs « modernes » de l’Afrique : il est par exemple difficile, pour des banquiers ou des techniciens des TIC (par...

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