In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Chapitre 3 Les enjeux politiques de l’immigration d’origine ouest-africaine dans la presse écrite en Côte d’Ivoire (1990-2007) Roch Yao Gnabeli Introduction Le débat politique en Côte d’Ivoire et les tensions internes au fonctionnement du champ politique font apparaître l’immigration comme un enjeu essentiel structurant les productions idéologiques des acteurs politiques. Le conflit militaro-politique que traverse le pays depuis le 19 septembre 2002 se présente comme l’aboutissement de plus d’une décennie qui a porté régulièrement « l’étranger » et l’immigration au cœur des tensions et conflits politiques en Côte d’Ivoire. En effet, près du tiers de la population ivoirienne est identifiée comme étrangère1 depuis au moins vingt ans2 et plus de 95 pour cent de cette population étrangère provient des pays d’Afrique de l’Ouest. Les pays frontaliers de la Côte d’Ivoire, notamment le Burkina Faso, le Mali, la Guinée, le Ghana et le Libéria, fournissent à eux seuls 86,8 pour cent de ces étrangers. Une des caractéristiques majeures de cette immigration est son ancienneté prouvée par le fait que 47,3 pour cent de la population étrangère en Côte d’Ivoire est née dans ce pays. L’immigration est donc un fait majeur dans l’histoire et le peuplement de la Côte d’Ivoire. En outre, on observe, dans la vie politique nationale en Côte d’Ivoire depuis le début des années 1990, des formes singulières de construction sociale de l’altérité liées aux rapports entre les acteurs politiques ivoiriens et les composantes de la population nationale issue de l’immigration d’origine ouest-africaine. Un des principaux lieux où se manifestent sous forme de production symbolique ces enjeux politiques de l’immigration est la presse écrite. On remarque également que la définition sociale du statut politique de l’étranger ouestafricain , qui se faisait surtout en référence à son mode d’inscription et de Côte d’Ivoire : La réinvention de soi dans la violence 64 fonctionnement dans l’économie ivoirienne avant 1990, se construit depuis le début des années 1990 – et est renforcée par la crise sociopolitique actuelle – en référence au fonctionnement du champ politique ivoirien. En effet, les revendications de l’opposition armée et les différents accords de paix signés de 2003 à 2007 font apparaître de façon explicite la question de l’immigration comme pouvant être une des sources de légitimité du conflit et une des bases de sa résolution. Par exemple, les accords de LinasMarcoussis (Paris, janvier 2003) stipulent que le Gouvernement de Réconciliation devra mener prioritairement les actions suivantes : i) la relance des procédures de naturalisation existantes ; ii) le dépôt, dans un délai de six mois, d’un projet de loi de naturalisation visant à régler de façon simple et accessible des situations aujourd’hui bloquées et renvoyées au droit commun ; iii) la suspension du processus actuel d’identification, en attendant la prise des décrets d’application de la loi ; iv), la suppression immédiate des cartes de séjour pour les étrangers originaires de la CEDEAO ; v), la proposition d’un amendement de la loi de 1998 relative au domaine foncier rural, dans le sens d’une meilleure protection des droits acquis, des dispositions de l’article 26 relatives aux héritiers des propriétaires de terre détenteurs de droits antérieurs à la promulgation de la loi, mais ne remplissant pas – parce que n’ayant pas la nationalité ivoirienne – les conditions d’accès à la propriété fixées par son article 1. C’est dans ce contexte que la presse écrite ivoirienne, caractérisée depuis 1990 par une diversité de lignes éditoriales, participe au débat public sur l’immigration et le statut politique de l’étranger ouest-africain. On peut se demander comment cette presse récupère et re-formule la question de l’immigration. Observe-t-on en Côte d’Ivoire un traitement différentiel des enjeux politiques de l’immigration ouest-africaine lié aux orientations idéologiques des organes de presse écrite ou alors s’agit-il d’une tendance à l’uniformisation des points de vue sur la question ? Sous ce rapport, ce texte a un double objectif, à savoir : i...

Share