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8 CHAPITRE DÉSOLÉ,PLUSDEBÉTON! Adaptation de l’architecture à la limitation des ressources VALÉRIE COLOMB [18.222.179.186] Project MUSE (2024-04-26 12:54 GMT) Désolé, plus de béton ! 137 Comment penser des architectures (section 1) et la communication (section 2) pour «produire des villes capables de se survivre» (Klouche, 2010, p. 73)? Les débats autour des ressources dans le domaine de l’architecture se trouvent à l’articulation entre productions morphologiques de l’architecture dans un contexte de crise environnementale et productions discursives centrées pour cette réflexion sur la communication institutionnelle de l’État et les discours des architectes (section 3). Le grand projet est l’adaptation de nos sociétés au réchauffement climatique et à la raréfaction des ressources. L’injonction d’une moindre consommation des ressources touche particulièrement le secteur du bâtiment . Il y joue un rôle prépondérant en tant que premier consommateur d’énergie: 43% de la consommation d’énergie totale française et ¼ des émissions de CO2 1. Ainsi, «la qualité de l’habitat et la nature du substrat urbain sont avancées comme des pistes d’adaptation à développer» (Bertrand et Rocher, 2007, p. 29). En effet, la capacité d’encaissement du réchauffement climatique de nos villes et de nos constructions est questionnée. Pour la ville de Lyon, l’hypothèse de travail est qu’en 2070, son climat sera celui d’Alger en 20092 . Les solutions s’orientent, entre autres, vers l’augmentation de 80% du nombre d’arbres (rôle de climatiseur urbain), la densification urbaine pour éviter les déplacements, la multiplication d’écoquartiers avec la construction de bâtiments plus performants, voire à énergie positive (dits «BEPOS», obligatoires en France en 2020). À l’échelle du bâtiment, l’ADEME définit actuellement les «voies de progrès3 »: Ù la multiplication des sources d’énergie, dont les énergies renouvelables; Ù l’amélioration des performances énergétiques du bâti; Ù un travail sur «les occupants des bâtiments [qui] ont des comportements d’usage relativement constants au cours du temps4», donc un travail de communication. Mais, la réhabilitation des bâtiments existants reste un des points les plus ardus du fait du volume à traiter5 et de la complexité des techniques de réhabilitation à mettre en place. Elle s’inscrit dans un débat sur le patrimoine: 1. . 2. Frédéric Ségur, Direction de la voirie, ingénierie, arbres et paysage, responsable de service, Accueil de la délégation grenobloise au Grand Lyon sur la ville durable, 4 juin 2010. 3. . 4. . 5. «Flux annuel de constructions: 300 000 logements et […]14 millions de m² de bâtiments tertiaires chauffés» face aux bâtiments existants, soit «près de 30 millions de logements et […] plus de 814 millions de m² de bâtiments tertiaires chauffés». Source: ADEME, site Internet, février 2012. Communication et grands projets 138 quelles techniques d’isolation choisir pour un moindre effet sur les architectures à valeur patrimoniale? Entre choix sur le figement de la forme ou modification, l’arbitrage est d’ordre culturel. La réflexion se conduit dans le cadre de la mise en politique du développement durable qui induit des modes de penser holistiques éloignés de ceux du milieu de la construction, souvent sectorisés et spécialisés. Actuellement, ces démarches systémiques sont inventées, expérimentées et évaluées par les acteurs du territoire. Les collectivités locales conçoivent des outils d’accompagnement et d’incitation au changement6 . L’inflation de critères et de données à intégrer dans les projets bouscule l’ingénierie de projet et les pratiques professionnelles. Il faut penser différemment. Mais, lors de la conférence de Dennis Meadows «Preparing Cities for the Age of Declining Oil7», l’auteur du célèbre rapport Meadows (1972) privilégie l’idée de résilience pour faire évoluer nos cadres de vie plutôt que celle de développement durable, avec comme priorité l’adaptation/recyclage de la ville plutôt que la construction neuve, même vertueuse en termes d’énergie. D’autre part, le temps long du projet est facteur de complexité; les objectifs et les exigences de départ sont difficiles à tenir dans la durée. Le temps joue contre le projet. Au-delà de l’échelle du seul projet architectural ou urbain, la transformation de l’espace ne...

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