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Architecture des universités nouvelles au Canada anglophone1 3 Maurice Lagueux L’expression «université nouvelle» renvoie ici aux universités qui ont été créées de toutes pièces, ou presque, un peu partout en Occident, au cours de la période qui va, approximativement, de la fin des années 1950 au milieu des années 1970 . Ces institutions de haut savoir ont surgi à cette époque parce qu’il fallait bien être en mesure d’accueillir l’afflux d’étudiants qui allaient se présenter à l’université, en particulier durant les années 1960, au moment où les baby-boomers atteindraient l’âge universitaire . Ces universités méritaient d’être qualifiées de «nouvelles», car on n’avait pas vu beaucoup de fondations d’universités durant les décennies écoulées peu avant cette époque . La vaste majorité des universités plus anciennes avaient donc eu largement le temps d’acquérir un certain prestige qui en faisait de vénérables institutions face auxquelles les nouvelles venues semblaient appartenir à un tout nouveau type d’institution. Ces universités paraissaient d’autant plus nouvelles que beaucoup de choses avaient changé sur les plans social, artistique, scientifique, politique et religieux au cours des décennies précédentes . De plus, au cours des 1. Je tiens à remercier Larry Richards (Université de Toronto), Lee Gavel et Bing Thom (Université Simon Fraser), Virginia Jansen et Micah Perks (University of California Santa Cruz) ainsi que Gilles Saucier (Université de Montréal) qui m’ont accordé une entrevue. Je remercie également Lawrence Boland et Bhuvinder Vaid (Université Simon Fraser) ainsi que Robin McDuff (University of California Santa Cruz) pour une visite guidée de leurs campus, Jane Britton (Université de Waterloo) pour un document transmis par courriel, Alexandre Cloutier, Maxime Langlois, Karim Lapierre et Marian Misdrahi pour des recherches préliminaires et enfin mon collègue Marcel Fournier pour ses utiles commentaires. La présente étude s’inscrit dans un programme de recherche qui bénéficie d’une subvention du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada . 46 Chapitre 3 années 1960, les milieux intellectuels étaient conviés à repenser à peu près toutes les questions dans un esprit révolutionnaire, et cela non seulement au Québec, où la révolution des idées a été qualifiée de «tranquille», mais également dans nombre d’autres régions d’Occident comme le Canada anglais, les États-Unis et la France, où les mouvements étudiants se sont faits particulièrement revendicateurs. Il n’en fallait pas plus pour que les universités créées dans ce contexte se donnent le plus souvent pour mission de repenser aussi la pédagogie universitaire et se voient d’emblée qualifiées de «nouvelles». Aussi paraît-il raisonnable de se demander si cette indiscutable nouveauté allait s’inscrire physiquement dans les espaces, les styles et les matériaux qui constituent un campus . Pour répondre à cette question, il s’impose de comparer les universités nouvelles aux universités plus traditionnelles dont le modèle était contesté. Or, parmi ces universités nouvelles, certaines entretiennent un rapport étroit avec une université plus traditionnelle à laquelle elles ont eu spontanément tendance à se mesurer. Bien que ce phénomène soit loin d’être propre au Canada, seules quelques universités nouvelles canadiennes seront considérées ici dans leur relation aux universités traditionnelles qui leur font face. On constatera que si ces universités nouvelles ont un certain air de parenté en ce qui a trait à leur volonté de renouveler programme académique et méthodes pédagogiques, elles se présentent de façon on ne peut plus différente quant aux caractéristiques architecturales propres à leur campus. On peut même dire qu’en comparant l’Université du Québec à Montréal, l’Université Concordia, l’Université York, l’Université de Waterloo et l’Université Simon Fraser respectivement à l’Université de Montréal, à l’Université McGill, à l’Université de Toronto, à l’Université Western Ontario et à l’Université de Colombie-Britannique, on obtient à peu près tous les cas de figure selon lesquels des universités nouvelles peuvent s’affirmer du point de vue architectural et urbanistique. Implantation et planification des universités nouvelles Avant de dégager les caractéristiques proprement architecturales des immeubles qu’occupent ces universités nouvelles, il convient d’examiner, pour chacune de ces institutions, les conséquences de leur implantation dans des espaces plus ou...

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