In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

5 L’agriculture et l’aménagement des forêts Un virage écologique est en cours Peut­on tolérer encore longtemps des États qui ont des politiques de laisser­faire face à l’intensification de l’exploitation des res­ sources naturelles et notamment des ressources énergétiques fossiles, l’exploitation intensive de terres agricoles à des fins énergétiques (ce qui menace la biodiversité), l’utilisation des terres arables à d’autres fins (grands centres d’achat, espaces pour le parc automobile au Nord, terres pour produire des agro­ carburants au Sud)? Peut­on laisser une agriculture producti­ viste continuer à utiliser massivement des intrants chimiques et des pesticides en polluant les nappes phréatiques et les cours d’eau, à augmenter la distance entre la production agricole à grande échelle et les lieux de transformation et de consommation, etc.? (Document d’orientation des RMB) 90 La transition écologique de l’économie L’enjeu de L’Agri cuLture et de L’AménAgement des forêts Cette crise alimentaire est une question clé, tant sur le plan social que sur le plan économique et écologique. La question qui tue: pourquoi des émeutes alimentaires un peu partout à travers le monde? En effet, 37 pays ont été menac és de crise alimentaire en 2008 selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Un peu partout dans le monde, le prix de l’essence a monté en flèche et celui de certaines denrées alimentaires a explosé, notamment celui des céréales. Et pour nombre de pays du Sud, cela a été et c’est le pire! Cela mérite explication. La crise alimentaire est un défi planétaire qui va de pair avec la question énergétique et le réchauffement climatique . Des enjeux tout à la fois locaux et internationaux devenus majeurs aujourd’hui. On peut pointer les responsables : des multinationales et les principaux gouvernements des pays du Nord, États-Unis en tête. C’est une menace pour de nombreux pays du Sud, dont l’agriculture nationale a été orientée vers l’exportation, mettant du coup à mal la diversité de leurs produits. Menace aussi pour les agricultures nationales, car la concentration autour de quelques pôles d’agriculture industrielle et le contrôle par les transformateurs et les grandes chaînes alimentaires risquent de s’accentuer. Menace également de la montée du prix du pétrole, qui rend le transport des marchandises plus aléatoire . Menace écologique enfin sur l’irrigation des terres par défaut d’accès suffisant à l’eau. Autrement dit, derrière cette hausse des prix, des changements structurels sont en cours. Au Nord et encore plus au Sud, l’enjeu de la souverainet é alimentaire est ainsi revenu à l’avant-scène internationale (GESQ, 2010). Cela tient au fait que l’agriculture et la filière alimentaire subissent, tendanciellement, le même traitement industriel et financier que les autres activit és économiques: de grandes firmes multinationales pour assurer l’agrofourniture (Monsanto, Bunge, Sigenta, Bayer, Dupont, etc.); de grandes firmes multinationales pour la [3.133.160.156] Project MUSE (2024-04-26 09:55 GMT) L’agriculture et l’aménagement des forêts 91 transformation agroalimentaire (Nestlé, Coca-Cola, General Mills, Kraft Foods, Unilever, Smithfield Food, etc.); de grandes firmes multinationales pour la grande distribution de masse (Walmart, Carrefour, Tesco, Metro Group, etc.) dans un marché de plus en plus international mais avec peu de protections… La question est bien posée par Michel Griffon, spécialiste international en matière d’agriculture (Griffon, 2006). Aux RMB, dans un atelier sur les agricultures et le développement durable, il dit: «Il y a de 20 à 25 millions d’exploitations dans le monde, qui font de l’agriculture industriellement intensive, ce qui représente 30 à 40% de la production mondiale. Mais cette exploitation vit présentement une hausse des coûts de l’énergie, génère beaucoup de gaz à effet de serre, est dommageable pour la biodiversité et entre dans une phase de rareté» en ce qui a trait aux engrais (dont une bonne partie dépend du pétrole) et à l’eau (étant donné le changement climatique ). La demande pour plus de viande ne fait qu’accentuer les besoins en terres (production de maïs et de soya) pour alimenter le bétail. C’est notamment le problème de la Chine. Si, de plus, on va vers les agrocarburants parce que l’agriculture et la forêt sont les candidats...

Share