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3 L’économie sociale et solidaire Une force de transition de l’économie au Nord et au Sud«La fécondité des entreprises collectives, au­delà d’une réussite économique contrastée, tient à leur force de proposition et d’interpellation. Dans un contexte où beaucoup d’organisations s’interrogent sur l’avenir de nos économies et de l’économie mondiale, elles sont autant de laboratoires où se recomposent les rapports entre le capital et le travail, entre l’intérêt privé et l’intérêt général, entre la création de richesses et sa répartition, entre la dictature des actionnaires et la démocratie des associés, entre les délocalisations et la sauvegarde du patrimoine… Le caractère citoyen des entreprises collectives naît des exigences qu’elles se donnent: par­delà leurs réalisations, elles persistent à inscrire leurs convictions dans des structures économiques solidaires et à vouloir développer un vaste secteur non capitaliste 44 La transition écologique de l’économie d’entreprises fonctionnant de façon démocratique» (Favreau et Hébert, 2011, p. 17). C’est en ces termes que le document d’orientation du Mont­Blanc de 2011 introduit l’ESS. La démonstration est à faire en y ajoutant la variable écologique. Voici comment! Le pArcours de L’économi e soci ALe dAns Le monde: une perspecti Ve i nternAti onALe Bien qu’il n’existe aucune statistique officielle sur le sujet, l’Organisation internationale du travail (OIT) estime que l’économie sociale, prise au sens le plus large, c’est-à-dire l’ensemble des coopératives, mutuelles et associations, pèse pour près de 10% du produit intérieur brut (PIB), 10% des emplois et 10% de la finance à l’échelle mondiale (CIRIEC, 2000; Babekew, OIT, 2011). La composante coopérative de l’économie sociale est plus documentée (Canada coop 2012) et révèle bien son importance économique dans le monde: 1) le secteur des coopératives regroupe plus d’un milliard de membres dans plus de 90 pays; 2) les 300 coopératives les plus importantes au monde ont des revenus supérieurs à 1,1 billion de dollars, soit environ l’équivalent de la dixième économie en importance dans le monde (Espagne), et seulement un peu moins que celle du Canada; 3) les coopératives créent plus de 100 millions d’emplois à travers le monde, c’est 20% de plus que les multinationales; 4) les coopératives financières servent approximativement 857 millions de personnes, soit 13% de la population mondiale ; 5) 49 330 coopératives de crédit servent 184 millions de membres dans 97 pays et possèdent des actifs combinés de 1,35 billion de dollars. On pourrait multiplier à l’infini ces chiffres qui d’ailleurs ne sont pas toujours à l’abri d’une certaine inflation. Cela démontre un poids économique certain de ce secteur à l’échelle mondiale. Mais faire du chiffre ne suffit [18.220.137.164] Project MUSE (2024-04-26 17:01 GMT) L’économie sociale et solidaire 45 pas, si tant est que le poids compte peu s’il n’est pas accompagné d’une force de changement de l’économie dominante, ce qui reste à voir. Notons d’abord en premier lieu que partout dans le monde aujourd’hui, des expériences inédites d’économie sociale et solidaire ont surgi. Et qu’elles sont en voie de renouveler ce qui a été qualifié traditionnellement (du moins dans les pays du Nord) d’« économie sociale », concept «parapluie» rassemblant le monde des coopératives , des mutuelles, des associations et de certaines fondations . Cet ensemble d’initiatives dont plusieurs sont nées il y a 100 ou 150 ans et qui ont passé à travers le temps, grâce aux mouvements sociaux qui les ont fait naître (Favreau, 2010) et, aujourd’hui, grâce à la transformation en cours des grandes organisations coopératives, de même que grâce à la dynamique d’un mouvement citoyen international émergent depuis le début du millénaire. Toute cette mouvance s’interroge aujourd’hui sur les avenues de dépassement du modèle économique dominant, l’économie capitaliste de marché. Cette mouvance est en voie de faire la preuve que, sur le terrain économique, la mondialisation telle que propos ée par le néolibéralisme n’est pas la seule possible parce qu’elle est à la jonction de contre-tendances sociales fortes : 1) la montée d’une soci...

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