Petite enfance, services de garde éducatifs et développement des enfants: État des connaissances

Chapitre 2 - Développement langagier de l'enfant et fréquentation d'un SGÉ

C H A P I T R E 2l Développement langagier de l’enfant et fréquentation d’un SGÉ Bénédicte Blain-Brière, B. Sc. Département de psychologie, Université du Québec à Montréal Caroline Bouchard, Ph. D. Département d’études sur l’enseignement et l’apprentissage, Université Laval Joëll Éryasa, B. Sc. Département d’éducation et pédagogie, Université du Québec à Montréal Isabelle Boucher, B. Sc. Département de psychologie, Université du Québec à Montréal 84 PETITE ENFANCE, SERVICES DE GARDE ÉDUCATIFS ET DÉVELOPPEMENT DES ENFANTS La petite enfance constitue une période faste et cruciale sur le plan du développement du langage, compte tenu notamment du développement de régions cérébrales associées au langage (McCain, Mustard et Shanker, 2007). Dès cette période, les habiletés langagières de l’enfant déterminent sa capacité à entrer en relation avec les autres et à maintenir ses relations pour éventuellement former des amitiés avec ses pairs (Bierman, 2004; Black et Hazen, 1990; Gertner, Rice et Hadley, 1994; Timler, Olswang et Coggins, 2005). Puis, ces habiletés produiront des effets sur son fonc- . Puis, ces habiletés produiront des effets sur son fonctionnement psychosocial jusqu’à l’âge adulte (Schoon et al., 2010). Paral- , 2010). Paral- . Parall èlement, le développement langagier de l’enfant module son niveau de maturité scolaire en maternelle ainsi que sa réussite scolaire ultérieure (direction de la santé publique de Montréal, 2008; Forget-Dubois et al., 2007; Janus et Offord, 2000; 2007). De manière plus précise, le niveau de langage de l’enfant exerce une influence considérable sur ses capacités ultérieures en lecture, elles-mêmes reliées à sa réussite scolaire en général (Biemiller, 2007; Bishop et Adams, 1990; Catts et al., 1999; Scarborough, 1990; Storch et Whitehurst, 2002). On peut voir là l’importance de s’attar- . On peut voir là l’importance de s’attarder à l’étude du développement langagier à la petite enfance. Au-delà de la famille, les services de garde éducatifs (SGÉ) de qualité peuvent s’avérer un contexte éducatif privilégié pour soutenir le développement langagier (Adi-Japha et Klein, 2009; Schweinhart, Barnes et Weikart, 2005), d’autant plus qu’un nombre grandissant d’enfants les fréquentent, ici comme ailleurs (Gouvernement du Canada, 2005; Ministère de la Famille et des Aînés – MFA, 2010). Au Québec, plus de 200 000 enfants fréquentaient un SGÉ sur une base régulière en 2010, ce qui constitue la majorité des enfants de moins de 5 ans (MFA, 2010). Le programme éducatif Accueillir la petite enfance des SGÉ québécois a d’ailleurs été instauré pour soutenir la qualité des services offerts et pour favoriser le développement global des enfants (MFA, 2007a). En matière de langage, ce programme encourage l’éducatrice1 à nourrir le plaisir d’apprendre à s’exprimer chez l’enfant, notamment par le biais d’activités ludiques et artistiques, telles que les comptines, les histoires, les pièces de théâtre, les devinettes et les chansons (MFA, 2007a). L’éduca- (MFA, 2007a). L’éduca- . L’éducatrice est aussi amenée à prêter attention aux aspects formels du langage de l’enfant, comme sa prononciation, son vocabulaire, sa syntaxe ou son usage du langage, tout en ne perdant pas de vue l’importance de prendre le temps d’écouter ce que l’enfant dit et de s’intéresser à ce qu’il vit (MFA, 2007a). Quotidiennement, elle a l’occasion de privilégier des 1. Dans ce chapitre, le terme «éducatrice» désigne l’ensemble du personnel en SGÉ œuvrant auprès des enfants et inclut également les responsables de service de garde en milieu familial (RSG). Ce terme «éducatrice» a été préféré à «éducateur» afin de rendre compte de la réalité, à savoir que le personnel éducateur en SGÉ est principalement constitué de femmes. DÉVELOPPEMENT LANGAGIER DE L’ENFANT ET FRÉQUENTATION D’UN SGÉ 85 pratiques éducatives visant à promouvoir le langage des enfants de son groupe. Elle peut notamment employer un vocabulaire riche et diversifi é pour s’exprimer (p. ex. une veilleuse, un lampadaire, une lanterne), expliquer les mots ne faisant pas partie du vocabulaire des enfants (p. ex. l’abat-jour d’une lampe), suivre leurs initiatives...