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11. le QUébec, l’OnTariO eT les relaTiOns inTernaTiOnales expliquer les différences sTéPhane PaQUin Depuis déjà plusieurs années, les gouvernements du Québec et de l’Ontario poursuivent une politique internationale parallèle à celle du gouvernement fédéral, c’est-à-dire une paradiplomatie (Paquin, 2004; Massart-Piérard, 2005; Aldecoa et Keating, 1999; Soldatos, 1990) . Panayotis Soldatos, l’inventeur du concept, définit la paradiplomatie comme «une poursuite directe, et à divers degrés, de la part d’États fédérés, d’activités étrangères» (Soldatos, 1990: 34) . Dans ce chapitre, nous avançons qu’une paradiplomatie est mise en œuvre lorsqu’un gouvernement provincial accorde un mandat de négociation avec d’autres acteurs internationaux . La politique économique et commerciale, la promotion des investissements étrangers, l’attraction de centres de décision, la promotion des exportations, la science et la technologie, l’énergie, l’environnement , l’éducation, l’immigration, la mobilité de la main-d’œuvre, les relations multilatérales, le développement international et les droits de la personne forment les grands dossiers paradiplomatiques . Les acteurs paradiplomatiques s’intéressent également de plus en plus aux questions de sécurité, notamment transfrontalière . Une distinction doit être apportée entre la paradiplomatie, dont des acteurs sont dûment mandatés par un gouvernement, et l’internationalisation . L’internationalisation fait référence à la création de traités et de normes internationales qui influent de plus en plus sur les champs de compétence des gouvernements quel que soit le palier . 250 les relations Québec-Ontario – Un destin partagé? Cette dernière confère ainsi à presque tous les domaines d’action de l’État contemporain une dimension internationale (Paquin, 2004 ; Slaughter, 2004) . La paradiplomatie n’est pas un phénomène nouveau, ni même récent . Le gouvernement du Québec s’est développé une présence internationale dès le XIXe siècle . C’est en 1816 que le Bas-Canada (le Québec d’autrefois) ouvre à Londres dans un contexte colonial sa première agence qui a pour mandat de défendre ses intérêts particuliers auprès de l’Empire (Paquin, 2006: 13-23) . L’Ontario a posté, pour sa part, son premier agent d’immigration en Grande-Bretagne en 1869, mais il faut attendre 1908 avant que la province n’ouvre sa première représentation internationale à Londres (Dyment, 2001: 56 et 62) . Lorsque l’on compare la politique internationale actuelle du Québec avec celle de l’Ontario, on perçoit deux cas très contrastés : alors que le gouvernement ontarien met en œuvre une paradiplomatie de faible intensité, le gouvernement du Québec déploie une paradiplomatie identitaire de forte intensité dont l’objectif fondamental est le renforcement ou la construction de la nation québécoise . La paradiplomatie identitaire diffère de la protodiplomatie, car l’objectif n’est pas la réalisation de l’indépendance politique (Paquin, 2005, 2002) . Le dessein de la politique internationale au Québec est de favoriser le développement de la nation québécoise en plus de chercher à faire reconnaître le Québec comme nation au plan international . La distinction est importante, car le Québec tend ainsi dans ses activités internationales à être très institutionnalisé, autrement dit, il cherche à imiter, à une plus petite échelle, le degré d’institutionnalisation des États souverains alors que l’Ontario propose une paradiplomatie sans réel centre de gravité et de très faible intensité . L’État fédéré du Québec fait partie du petit groupe sélect des gouvernements non souverains les plus actifs en matière de relations internationales (Criekemans, 2010: 37-64) . Le ministère des Relations internationales du Québec (MRI) disposait, en 2010, d’un budget de près de 124 millions de dollars canadiens et comptait 549 fonctionnaires , dont environ 259 travaillant à l’étranger (MRI, 2010: 58) . À ce nombre, on doit ajouter de nombreux fonctionnaires rattachés à d’autres ministères qui travaillent sur les questions internationales, que ce soient les enjeux économiques (p . ex . la promotion des exportations, les stratégies pour attirer les investissements étrangers et les politiques de libéralisation des échanges), les questions de sécurité transfrontalière (qui prennent une importance nouvelle depuis le 11 septembre 2001), sans oublier les politiques d’immigration, les questions d’environnement , d’éducation ou de culture . Le MRI estime ainsi à 350 millions de...

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