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C h a p i T r e 3 Quand la périodiCiTé n’exisTe plus Roland-Yves Carignan Directeur de l’information 18 La quête de sens à l’heure du Web 2.0 Internet, de même que son fonctionnement et ses codes intrinsèques, implique de profonds changements dans la manière qu’ont les citoyens de s’informer, en plus de provoquer une révolution dans la façon de produire cette information. Le premier de ces changements a trait à la périodicité. Un journal papier paraît une fois par jour, un magazine, une fois par semaine ou une fois par mois. Sur le Web, la périodicité n’existe plus. L’information peut être diffusée dès que possible, à tout moment et à une fréquence telle que l’on peut parler d’information en continu. On peut aussi parler d’information en continu parce qu’elle est distribuée sans délai par rapport au moment de sa production, contrairement au quotidien papier, où l’information est figée en soirée avant d’être imprimée puis distribuée par camions et camelots jusqu’au lieu de sa «consommation» – un décalage de plus de douze heures dans bien des cas. Sur le Web, le lecteur retrouve les faits et les événements dès qu’ils se produisent. Il trouve aussi, au besoin, des éléments de mise en contexte, en quelques clics sur Wikipédia par exemple, qui lui permettent d’aller au-delà de l’information brute. Quand l’événement se produit, je le vois à RDI, je peux lire des bribes sur Internet et je peux recevoir une alerte sur mon téléphone. Je suis informé. Si je souhaite plus de détails, plus d’analyse et de mise en contexte, je vais retourner sur Internet, je vais peut-être regarder le bulletin de nouvelles-télé ou m’acheter le quotidien papier du lendemain . L’information, pour moi, n’est plus un élément qui a une périodicit é: c’est un élément qui se déroule, littéralement, selon ma propre«consommation» et, évidemment, selon l’actualité. Un deuxième changement apparaît, qui touche le rôle des journalistes. À l’ère du Web 2.0, le journaliste n’est plus seul à transmettre l’information. Déjà, le lecteur a la possibilité de réagir aux informations publiées en ajoutant son commentaire à la fin du texte. Il peut aussi apporter des informations nouvelles, il peut rectifier des erreurs ou relever des omissions, proposer des sujets, écrire des blogues. Il participe! partaGer l’espace Parallèlement, les entreprises, politiciens et groupes qui souhaitent communiquer des informations à un public ont aujourd’hui la possibilit é d’outrepasser les journalistes et médias traditionnels. Il leur [3.15.147.53] Project MUSE (2024-04-16 18:49 GMT) Chapitre 3 v Quand la périodicité n’existe plus 19 suffit de créer un site Web, de diffuser un vidéofilm ou de participer à un clavardage. Ainsi, le premier ministre du Canada, Stephen Harper, a diffusé, le jour même de la lecture du discours du Trône, certains de ses commentaires sur YouTube. De cette façon, il dit pouvoir s’adresser à la population et aux jeunes sans passer par les «filtres» traditionnels. Est-il besoin de préciser la nature de ces «filtres»? Clairement, les journalistes ne sont plus seuls à diffuser l’information et doivent apprendre à partager l’espace de communication. Cette réalité pose de nombreuses questions par rapport au métier de journaliste. Un troisième changement a trait à l’organisation du travail pour les journalistes, en particulier au sein d’un quotidien. Un journal produit une fois par jour, imprimé durant la nuit, nécessite une seule heure de tombée en fin de journée ou en soirée, au moment de la mise en page. Aujourd’hui, ces salles de rédaction doivent se mettre à l’heure d’Internet, ce qui signifie qu’elles doivent développer la capacité à diffuser l’information au moment où elle se produit, ou presque. Le mode de production se trouve fondamentalement bousculé. Pour le site Web, l’information doit être écrite, relue, corrigée, titrée et accompagn ée d’une photo dès maintenant et immédiatement. Et pour le journal du lendemain, les mêmes personnes doivent composer avec le délai de production et d’imprimerie, la mise en page, etc...

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