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C H A P I T R E 2 Historique – Acceptation de la différence dans la société Perspective historique et éléments réflexifs Nicole De Grandmont Université du Québec à Montréal ndegrandmont@yahoo.ca 48 La pédagogie de l’inclusion scolaire Concepts expliqués dans le glossaire Anathème Hospice Intégration [18.220.154.41] Project MUSE (2024-04-26 06:58 GMT) Historique – Acceptation de la différence dans la société 49 Ce chapitre consacré à la perspective historique offre un aperçu de l’histoire de l’humanité en ce qui a trait aux enfants différents. Nous verrons donc comment l’être humain percevait et perçoit encore ses enfants, le fruit de ses entrailles, lorsqu’ils sont différents des autres membres de sa société. Nous porterons aussi une attention particulière au xx e siècle qui donna naissance à des mouvements de définitions des enfants différents tels que la ségrégation, l’intégration et l’inclusion, et nous verrons comment ces termes ont vu leur sens premier «exploser» pour traduire des visions nouvelles plus humaines, plus compréhensives et plus tolérantes envers le phénomène de la différence. Mais avant d’en arriver au xxe siècle, voyons comment les enfants différents ont été traités – ou maltraités – auparavant. 1. L’Antiquité Loin de nous l’intention d’établir une liste de morbidité, mais il semble important de décrire l’état des choses, époque par époque. Ainsi, nous comprendrons mieux, espérons-le, pourquoi, encore aujourd’hui, certains mythes et légendes persistent. Si l’on regardait la manière dont on traitait l’enfant différent pendant l’Antiquité avec des yeux d’aujourd’hui, sans recul, sans nuance, sans lucidit é, on serait tenté de considérer cette époque comme une époque de pure barbarie. Il faut plutôt, en toute honnêteté, comprendre et analyser cette époque dans son contexte. Pour y parvenir, nous suggérons un petit exercice: un léger retour en arrière de notre société actuelle, disons une soixantaine d’années! À cette époque assez récente, au Québec, les corrections physiques à la maison comme à l’école étaient monnaie courante. Nous convenons que ces pratiques semblent aujourd’hui bizarres, voire inacceptables. Est-ce à dire que nos grands-parents étaient issus d’un peuple de barbares? Personne n’oserait s’exprimer ainsi! En revanche, nous sommes enclins à croire que ce sont les connaissances, la culture et les mœurs qui ont changé eu égard aux enfants du Québec. Gardons bien cela en tête et revenons à l’Antiquité. Bien avant la chute de Rome, aussi loin que l’on puisse remonter dans l’histoire de l’humanité, les termes de ségrégation, d’intégration et d’inclusion n’existaient pas, ces concepts reliés aux personnes différentes étant apparus plus tard. Le mot integratio est attesté en mathématiques au xiii e siècle, mais ce n’est qu’au milieu du xx e qu’il prend le sens «d’opération par laquelle un individu ou un groupe s’incorpore à une collectivité»; le mot segregatio est attesté au xv e siècle, de même que includere. Ainsi, avant la chute de Rome, on laissait la nature s’occuper elle-même des enfants différents. En effet, à cette époque, bon nombre d’enfants différents ne jouissaient pas à leur naissance 50 La pédagogie de l’inclusion scolaire d’une bonne santé et, comme la médecine était peu évoluée, rares étaient ceux qui vivaient jusqu’à l’âge adulte. Quant à ce faible pourcentage d’enfants différents plus résistants, plusieurs peuples de l’Occident ont laissé des traces d’une action concertée pour mettre fin aux jours de ces handicapés (Foucault, 1972). En effet, les Perses, les Grecs de la Grèce antique et même les Romains de la Rome antique refusaient catégoriquement d’accorder la citoyenneté à part entière aux enfants malformés. La culture des beaux corps et de la force physique était portée aux nues tant chez les garçons, pour en faire de valeureux soldats ou des gladiateurs au service de l’État, que chez les filles, au sujet desquelles la beauté du corps sain hante encore les esprits. Dans un contexte semblable, l’enfant handicapé ne pouvait trouver sa place: tout enfant qui...

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