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Chapitre 10 la lisière, l’archipel, le corridor Trois dimensions de la métropolisation Christel alvergne1 Georges Benko a consacré sa trop courte carrière à comprendre les dynamiques territoriales du changement. Il a voulu comprendre comment les régions interagissent avec les évolutions technologiques, économiques et sociales. Il a cherché à comprendre pourquoi les lieux perdent, pourquoi ils gagnent au jeu de la mondialisation. Ce court article s’inscrit modestement 1. Christel Alvergne est directrice adjointe et conseillère technique sénior au Bureau régional du Fonds d’équipement des Nations Unies à Dakar (FENU). Les opinions présentées dans cet article ne sont pas nécessairement celles des Nations Unies, incluant le FENU, ni celles de ses États membres. Pour toute correspondance, merci de vous adresser à . 10 Penser les territoires dans la ligne des préoccupations de Georges Benko et de tous ceux qui cherchent à comprendre comment les territoires prennent part aux dynamiques économiques et sociales contemporaines. Les décennies 1980 et 1990 sont le théâtre de son analyse. Il est vrai que cette période qui débute avec la chute emblématique du mur de Berlin ouvre la voie à une nouvelle phase de mondialisation, fondée sur une accélération des échanges, une nouvelle organisation du monde et la généralisation de nouvelles technologies de maîtrise de la distance. Notre mondialisation, celle que nous vivons et à laquelle nous participons, s’ancre sur de nouveaux espaces économiques, dont l’agencement laisse voir un phénomène paradoxal et inédit. D’une part, les implantations industrielles connaissent un éparpillement géographique sur l’ensemble du globe, ce qui se traduit par les délocalisations des pays développés vers les pays à bas salaires, par les crises répétées des vieux centres industriels comme Liverpool en Grande-Bretagne, Pittsburgh aux États-Unis ou Nagoya au Japon, et par l’importance des IDE (investissements directs à l’étranger) industriels à destination des pays en développement. À l’échelle nationale, de tels phénomènes entraîneraient à moyen terme une délocalisation équivalente des pouvoirs économiques. C’est ce qui se passe aux États-Unis avec la montée du Middle West (Chicago, Saint Louis) puis de la côte Ouest (Los Angeles, Seattle, San Francisco), et finalement du Sud (Dallas, Atlanta). Au Canada, bon nombre de centres de décision économique, après avoir migré de Montréal à Toronto, se déplacent aujourd’hui vers Vancouver et Edmonton. Mais, d’autre part, les fonctions centrales, de direction et de commandement des grandes firmes se concentrent fortement dans un certain nombre de villes que l’on appelle les «villes globales». La mondialisation urbaine épouse d’abord la forme de la «ville globale», dont la sociologue américaine Saskia Sassen (2001) a évoqué les caractéristiques:«un espace circonscrit destiné à organiser la réussite économique (campus, formation, finance, Bourse, siège des multinationales)» (Mongin, 2005). Ces espaces des cadres mondialisés du tertiaire avancé ont besoin d’une main-d’œuvre bon marché pour fonctionner. Ignorant son environnement immédiat et ses périphéries, la ville globale se branche sur le réseau interconnect é des villes similaires. Une hiérarchie entre des «niveaux» de villes plus ou moins branchées fonde un nouvel ordonnancement spatial. La concentration du pouvoir économique dans les villes se réalise en de nouveaux espaces. La mondialité, c’est-à-dire la capacité à influencer le monde, se concrétise à partir de trois formes de «topo-genèse», selon le terme de Jacques Levy (2003): la lisière, l’archipel et le corridor. [3.12.36.147] Project MUSE (2024-04-26 10:16 GMT) La lisière, l’archipel, le corridor 11 1. L’émergence de villes lisières: «la lisière», qui s’inscrit dans une dynamique centre-périphérie, où la ville lisière accueille les activit és les plus sophistiquées sur des espaces vierges à la frontière des villes. 2. L’émergence de villes en réseau: «l’archipel», car la mondialisation et les flux sur lesquels elle est fondée fait et défait les espaces. Tandis que les mondialisations successives ont fait d’Amsterdam, Londres puis Paris les centres d’un processus relativement stable, cette nouvelle vague de mondialisation se traduit par l’émergence d’une «économie d’archipel» dont la forme géographique évolue. 3. L’émergence de couloirs de transport: «le corridor», qui se traduit par l’émergence d’espaces...

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