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Chapitre 2 Globalisation, systèmes territoriaux de production et milieu innovateur denis maillat Globalisation et territorialisation sont-ils des processus antagonistes? Les recherches effectuées sur le sujet concluent souvent de manière fort différente. D’un côté, la globalisation est considérée comme le triomphe du capital global sur l’autonomie et l’identité du local. Les entreprises transnationales ayant repoussé les frontières de la nation, l’État national perd de son importance, le territoire n’existe plus. D’un autre côté, la territorialisation est considérée comme l’une des formes d’organisation permettant l’intégration dans le processus de globalisation. La territorialisation représente alors le processus qui assure l’émergence d’une capacité endogène de développement.  Penser les territoires Ici, nous adoptons l’hypothèse que la territorialisation engendre des espaces actifs, ce qui permet d’expliquer la réussite de certains syst èmes territoriaux de production qui sont compétitifs à l’échelle mondiale (Crevoisier et Maillat, 1989; Colletis, Courlet et Pecqueur, 1990; Benko et Lipietz, 1992; Garofoli, 1992; Grosjean, 2001; Garofoli et Vazquez-Barquero, 1994; Camagni et Maillat, 2006; Courlet, 2008). La dimension territoriale du système de production, c’est-à-dire sa capacité à générer un développement endogène, dépend de l’intensité et de la nature des relations horizontales entre les acteurs, de leur interd épendance et du degré d’autonomie dans les processus de décision et d’élaboration de projets (Crevoisier, 1990; Vazquez-Barquero, 2002). Ainsi, chaque territoire, en fonction de ses ressources propres et de son organisation subit ou, au contraire, utilise la globalisation pour son développement . En effet, certains processus territoriaux déterminent la capacité des systèmes territoriaux de production à innover, à développer des avantages compétitifs et à évoluer dans un contexte global qui les met mutuellement en concurrence. Il s’agit donc de comprendre les processus qui permettent aux systèmes territoriaux de production de maintenir ou de perdre leur capacit é autonome (endogène) de développement tout en étant intégrés au global par des réseaux de nature technique, commerciale, financière ou informationnelle. 1. La cohérence et la diversité des systèmes territoriaux de production La nature de l’organisation d’un système territorial de production ne se décrète pas. Elle résulte de processus d’apprentissage qui évoluent avec le temps. Un système territorial de production n’est donc pas stable. Les logiques fonctionnelle (coordination hiérarchique et verticale) et territoriale (coordination horizontale) agissent tantôt dans le sens du renforcement de sa cohérence, tantôt dans le sens de la désarticulation (Crevoisier, 1990). Le maintien de la cohérence dépend de la possibilité offerte aux entreprises de trouver dans leur environnement immédiat des ressources stratégiques qui sont autant d’avantages tels que l’information sur les marchés et les technologies, les conseils de gestion, les transferts de technologie , la formation de la main-d’œuvre ou encore le financement de l’innovation et du risque. Les entreprises utilisent aussi des réseaux locaux qui leur fournissent des possibilités de partenariat tant en ce qui concerne la production que l’innovation. Ainsi, pour autant qu’une masse critique [3.23.101.60] Project MUSE (2024-04-26 15:55 GMT) Globalisation, systèmes territoriaux de production et milieu innovateur  de ressources existe, le milieu local permet de réduire les incertitudes et les coûts de transaction et facilite la circulation de l’information (OCDE, 1993, p. 12). Il faut aussi relever que la globalisation a fait apparaître «de nouvelles formes d’organisation des firmes, moins fondées sur les logiques verticales dominées par le contrôle hiérarchique et centralisé, mais davantage sur des logiques de coordination horizontale des fonctions, sur un degré élevé de déconcentration et des délégations des pouvoirs de décision. La tendance est en particulier à s’associer localement des niveaux de compétences complémentaires ou similaires, et à constituer des segments homog ènes de production territorialisés» (Peyrache-Gadeau, 1995, p. 73). Dans ce cas, les unités de production regroupent plusieurs segments de fonction (conception, développement, maintenance, par exemple). Elles disposent de l’autonomie nécessaire à l’organisation et à la gestion de leurs relations avec leur environnement. Celui-ci est donc utilisé comme une composante sur laquelle l’entreprise (la succursale) agit, notamment pour d...

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