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Conclusion quels.enjeux.stratégiques.? L’Arctique est engagé dans un processus de changements climatiques majeurs : augmentation marquée des températures moyennes, de près de  C depuis le début du xxe siècle; fonte de la banquise, qui pourrait disparaître en été vers 2020; accélération de la fonte de l’inlandsis du Groenland; fonte du pergélisol, avec des conséquences directes sur les sociétés – fragilisation des fondations des maisons, disparition des lacs, érosion accélérée des sols – mais aussi planétaires, avec la libération de vastes quantités de méthane prisonnier des tourbières; migration de la faune et de la flore vers le nord. Ces bouleversements affectent directement les sociétés arctiques et il est donc légitime que les Inuits comme les autres peuples arctiques réclament une voix prépondérante au chapitre de la gouvernance locale. Ce sont aussi ces bouleversements qui réactivent les anciens projets des puissances méridionales à l’endroit de l’Arctique. Cela fait plus d’un siècle que les ressources naturelles sont exploitées dans la région, mais des conditions d’exploitation plus clémentes et la hausse attendue des cours des matières premières ont replacé l’Arctique au cœur des projets miniers ou énergétiques. De même, la fonte de la banquise a ressuscité la vieille quête pour les passages arctiques, alimentant les discours les plus audacieux sur l’avènement d’autoroutes maritimes dans la région. Longtemps 0 Passages et mers arctiques isolé, l’Arctique a été intégré dans une logique planétaire une première fois à l’époque de la guerre froide, alors qu’il était devenu un front potentiel entre l’OTAN et l’URSS. La disparition de celle-ci avait pu laisser croire à une diminution de l’intérêt pour l’Arctique, mais la matérialisation des changements climatiques a brutalement replongé la région dans des logiques économiques et commerciales des régions plus au sud: cette globalisation de l’Arctique est au cœur des rivalités, des discours sur les passages arctiques et sur le développement des ressources de la région, sur leur mérites ou, au contraire, leur folies. Dans ce contexte, deux axes majeurs de rivalités se sont cristallisés. L’un porte sur le statut des passages arctiques: internationaux ou sous la souveraineté de la Russie ou du Canada? L’autre porte sur l’extension des plateaux continentaux, zones maritimes au-delà des 200 milles marins où les États côtiers seront souverains sur les ressources des fonds marins. Des prédictions se succèdent pour annoncer l’imminence de l’ouverture d’un nouveau canal de Panama arctique et pour souligner l’ampleur de gisements fabuleux de richesses minérales et énergétiques. Nombre d’analystes, encouragés par des déclarations parfois musclées des gouvernements, se sont laissé emporter par une logique de confrontation, annonçant la cristallisation des rivalités pour ces ressources et ces enjeux stratégiques, voire l’éclatement d’une guerre pour les espaces maritimes arctiques. La guerre des détroits n’aura pas lieu1 En réalité, un examen plus attentif des réalités économiques et juridiques permet de souligner à quel point ces scénarios sont grandement exagérés: Les ressources à découvrir dans l’Arctique sont abondantes certes, mais pas autant que le laissent entendre nombre de rapports ou de médias. De plus, leurs conditions d’exploitation demeureront difficiles. Enfin, près de 9% de ces ressources devraient se trouver à l’intérieur des zones économiques exclusives (ZEE), que personne ne conteste: il n’y aura donc pas de ruée sur des gisements à la propriété incertaine. Loin d’être une course sans foi ni loi à la conquête d’espaces vierges, le processus juridique et politique de détermination des plateaux continentaux est fort balisé en droit international. Par la déclaration d’Ilulissat de 2008, les cinq pays riverains de l’océan Arctique ont rappelé leur engagement de respecter les règles de la Convention du droit de la mer, et il semble bien qu’ils respectent cet engagement au vu des procédures entamées depuis 200. De . Lasserre, F. (2009). «La guerre des détroits n’aura pas lieu», L’état de la mondialisation 200, Alternatives internationales, décembre, p. 22-2. ß ß [3.145...

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