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En guise de conclusion Et si on allait vers un new deal écologique et social à l’échelle de la planète? Le XXe siècle a vu surgir un new deal entre le capitalisme et le mouvement ouvrier, ouvrant ainsi une série de compromis qui ont sorti les pays du Nord du capitalisme sauvage au bénéfice de régulations sociales, notamment la reconnaissance de la légitimité des mouvements sociaux: mouvement des travailleurs, organisations de producteurs agricoles, mouvement coopératif et mutualiste ainsi qu’associations de consommateurs. La mobilisation de ces mouvements et les régulations mises en place ont permis de transformer la condition ouvrière en condition salariale permettant à tous les travailleurs de disposer d’une citoyenneté, avec les pleins droits que cela confère, et d’une protection sociale de base universelle (Castel, 1995). 132 Les défis d’une mondialisation solidaire Et si on allait vers un new deal écologique et social à l’échelle de la planète? Si le XXe siècle a donné un new deal social significatif pour les travailleurs, un État social, il n’est pas interdit de croire à l’émergence au XXIe siècle d’«une nouvelle utopie, une sorte de new deal écologique, d’une entente générale entre les États visant un développement durable mais cette fois-ci à l’échelle mondiale». Tels sont les propos que tient depuis quelques années Alain Lipietz, économiste et chercheur au CNRS, député pendant 10 ans au Parlement européen et figure bien connue du Parti vert en France1 . Il ne suffit pas en effet d’agir localement et de penser globalement. Il faut aussi agir globalement. Un new deal écologique et social implique beaucoup de choses, comme l’annulation de la dette des pays les plus pauvres, le développement sans précédent d’un commerce international de produits écologiquement sains dont le commerce équitable n’est qu’une amorce, la protection de la biodiversité à l’échelle de la planète par un organisme international doté de pouvoirs afférents, la démocratisation de l’économie, son virage au vert, le renforcement des États sociaux, une solidarité internationale accrue, une lutte contre la concentration des activités économiques dans quelques grands centres urbains par le développement des économies des régions, etc. Il s’agit donc bien d’une action collective de longue durée. Le changement ne peut venir d’un seul coup. C’est là le défi de ce siècle. Beaucoup de choses ont changé sur le plan international dans les deux dernières décennies: grandes transitions économiques, politiques, sociales et environnementales de la planète; transformation des grandes organisations sociales nées ou reconstituées dans l’après-guerre, tels le mouvement syndical, le mouvement des agriculteurs et le mouvement coopératif; émergence de nouveaux réseaux ou de nouvelles organisations: mouvement de la consommation responsable, économie solidaire et commerce équitable , réseaux de femmes dans les quartiers des bidonvilles du Sud, réseaux de développement local, etc. Sans compter l’internationalisation de l’action collective à travers l’expé- [3.144.113.197] Project MUSE (2024-04-25 15:28 GMT) En guise de conclusion 133 rience de la Marche mondiale des femmes, des forums sociaux mondiaux et d’une multitude de réseaux créés par la société civile. Les mouvements sociaux, à des degrés divers, comprennent aujourd’hui l’importance de renouveler leurs orientations et leurs stratégies de développement dans ce nouveau paysage national et international. Malgré la déroute des projets de grande envergure des mouvements dits de libération nationale et de la mouvance socialiste et même si la mondialisation néolibérale représente indiscutablement une tendance forte et durable, le rapport des forces en présence n’est pas à sens unique. La conjoncture économique et politique internationale, très incertaine et très instable, a ouvert une brèche. Tous les mouvements ici au Québec ou ailleurs dans le monde, que ce soient le mouvement coopératif, le mouvement des travailleurs (les syndicats), le mouvement des agriculteurs , le mouvement communautaire, le mouvement de la consommation responsable, le mouvement des femmes, le mouvement écologique, sont engagés dans un processus obligé de renouvellement de leurs stratégies: pour leur propre avenir et pour augmenter en puissance une solidarit é internationale qui s’impose de plus en plus face à la portée actuelle de l’interdépendance. POUR...

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