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CHAPITRE 10Alliance de travail: élément pivot de la réadaptation au travail Conrad Lecomte, Ph. D. Réginald Savard, Ph. D. Vincent Guillon, Ph. D. MESSAGES CLéS POUR LA CLINIQUE 1. L’efficacité des interventions en réadaptation au travail de personnes aux prises avec des troubles transitoires ou des troubles mentaux graves est intimement liée à la qualité de l’alliance de travail. 2. Des clients (plus de 40%) abandonnent le processus de relation d’aide à la suite de tensions ou des difficultés relationnelles. 3. Un faible pourcentage d’intervenants parvient à restaurer une alliance positive à la suite de ruptures d’alliance. MESSAGES CLéS POUR LA RECHERCHE 1. Au-delà et en deçà des approches et des techniques d’intervention, l’alliance de travail demeure un critère robuste de prédiction des résultats obtenus. 2. La recherche sur l’efficacité du processus d’intervention en réadaptation est indissociable de l’étude de la contribution de l’alliance de travail: c’est un constat incontournable. 3. L’alliance de travail apparaît comme le meilleur critère de prédiction pouvant servir à distinguer un intervenant efficace de celui qui l’est moins. 280 l Du trouble mental à l’incapacité au travail 1. LA PROBLéMATIQUE Les recherches visant l’amélioration de la réadaptation au travail des personnes en général et en particulier des personnes souffrant de troubles mentaux transitoires et de troubles mentaux graves se sont jusqu’à présent, la plupart du temps, focalisées soit sur des facteurs objectifs, tels que les variables sociodémographiques et la sévérité des symptômes, soit sur les services pouvant être offerts à ces personnes (Baril, 2002). Dans la logique d’un modèle médical largement prévalant (Peterson et Elliott, 2008), des traitements appuyés empiriquement ont alors été opérationnalisés. Ces traitements ont souvent ignoré ou cherché à standardiser l’influence de la relation thérapeutique et de l’intervenant. Ils ont dans l’ensemble ignoré ce que les études portant sur l’efficacité thérapeutique soulignent de façon récurrente : la prépondérance, dans la variabilité des résultats obtenus avec les clients, de celle due aux intervenants par rapport à celle due aux techniques employées et aux traitements utilisés (Lecomte, Savard, Drouin et Guillon, 2004). Et dans cette contribution des intervenants, ils n’ont pas mis l’accent, comme il conviendrait, sur le rôle central de l’alliance de travail. Or, de nombreuses méta-analyses voient précisément dans l’alliance de travail le meilleur prédicteur des résultats thérapeutiques (Horvarth et Bedi, 2002 ; Horvath et Symonds, 1991; Lambert et Barley, 2002; Martin, Garske et Davis, 2000; Shirk et Karver, 2003). Ces méta-analyses s’appuient sur des recherches dont les premières sont déjà anciennes (voir, par exemple, Horvath et Luborsky, 1993 ; Luborsky, 1994 ; Sexton et Whiston, 1994) et leur attribuent une supériorité dans les progrès thérapeutiques par rapport aux techniques et aux procédures. En définitive, l’alliance de travail apparaît comme le meilleur critère pouvant servir à distinguer un intervenant efficace d’un intervenant qui l’est moins. Cela pose directement la question de la contribution de l’intervenant à son établissement. Cette question, la plupart des chercheurs et intervenants en ont implicitement reconnu l’importance, dans le champ de la réadaptation au travail, en essayant de déterminer quels étaient les fondements d’une participation active des clients au processus de réadaptation (Taris, 2002). Mais, là comme ailleurs, peu se sont intéressés à l’exploration des expériences subjectives singulières des clients et des intervenants et, par voie de conséquence, à l’étude de leur relation (Lecomte et Savard, 2006). Il y a là un véritable enjeu. Pourquoi? D’abord parce que, par définition , l’alliance de travail implique un processus de collaboration entre le client et l’intervenant. Or, cette collaboration, ou engagement mutuel visant des buts et des tâches, dont la réussite est précisément signée par la participation active du client et de l’intervenant, n’existe que si un lien émotionnel de confiance et de perception de fiabilité se met en place; buts, tâches et [18.191.171.235] Project MUSE (2024-04-26 10:52 GMT) Chapitre 10 – Alliance de travail l281 lien étant interdépendants (Bordin, 1994). Ensuite, autre raison également fondamentale...

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