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Les nouveaux visages de l’emploi au Québec : diversification et précarisation des formes d’emploi Diane-Gabrielle Tremblay Lorsque la récession frappe l’économie, elle occupe toujours les premières pages de l’actualité. En ce début des années 90 et pour peut-être encore plusieurs années, la récession occupera sans doute souvent le devant de la scène économique. En effet, les indicateurs économiques nous ayant menés au constat d’un ralentissement important de la croissance, puis de la récession actuelle, les médias se sont empressés de sauter sur cette « nouvelle ». En fait, comme les indicateurs de l’activité économique ne sont disponibles que plusieurs mois après avoir été relevés, nous vivions déjà la récession depuis quelque six mois lorsque nous en avons été informés officiellement par Statistique Canada. Dès ce moment, et même avant, les journalistes se sont empressés de téléphoner à des économistes pour leur demander de participer à des émissions radio ou télé sur le thème de la récession . Quelques jours avant la confirmation de la nouvelle, l’excitation était à son comble ! « Sommes-nous effectivement en récession ? » demandaient un journaliste, puis un autre, l’air grave. Certains économistes, bien assis sur leur définition « technique » de la récession, disaient « non, pour le moment, nous ne vivons qu’un ralentissement de l’activité économique (bel euphémisme !) ; si jamais les chiffres confirment qu’il y a eu deux trimestres de baisse du PIB, nous pourrons dire que nous avons été en récession, mais peut-être les choses auront-elles déjà repris ! »« Vous, madame, qui êtes sur le bien-être social, vous monsieur qui êtes chômeur, sentez-vous la récession, croyez-vous que nous sommes 130 Les nouveaux visages de l’emploi au Québec :... vraiment en récession ? » « Et vous, jeune homme, qui n’avez pas réussi à vous trouver un emploi à la sortie du cégep ou de l’université, avez vous l’impression de vivre la récession ? Est-ce que cela a déjà touché votre niveau de vie ? » Plus des trois quarts des personnes ayant répondu à une question du genre dans le cadre de l’émission « Droit de parole » de Radio-Québec disaient oui... mais les économistes s’opposaient toujours pour savoir si oui ou non nous étions en récession. Le problème de la récession ou du ralentissement de la croissance continuera certes de nous préoccuper en l’an 2000. Il s’agit d’un problème récurrent, mais qui est souvent mal posé. Le problème fondamental de l’économie du Québec en est un de développement et non simplement de croissance économique. Il y a entre les deux concepts une différence fondamentale . Alors que la croissance ne renvoie qu’à une dimension quantitative (hausse du PIB), le développement comporte une dimension qualitative, implique des préoccupations associées à la répartition des richesses (et non seulement à leur augmentation) ainsi qu’au contenu de l’augmentation de la production (PIB). S’agit-il d’une augmentation des services d’éducation, de santé, de nouveaux biens de consommation mis à la disposition de presque tous ou d’une production polluante ayant des effets négatifs sur notre qualité de vie, au travail comme à l’extérieur ? Sans entrer dans les détails du débat sur le « développement soutenable ou durable » ou d’autres problématiques du genre, rappelons simplement que si le problème du ralentissement de la croissance (ou de la récession) est un phénomène d’abord monétaire (la hausse des taux d’intérêt engendrant une diminution des exportations, des dépenses de consommation et des investissements des entreprises), c’est également un phénomène auquel sont associés des problèmes d’emploi et de productivité. En effet, le fait que le Québec ait un taux de chômage systématiquement très supérieur à celui de l’Ontario ou de la moyenne canadienne, qu’il ait un taux d’activité et un rapport emploi-population inférieurs, tout cela signifie qu’il y a moins d’emplois et donc moins de production. De plus, si la productivité ou la production par personne est plus faible au Québec qu’en Ontario (comme c’est toujours le cas, malgré une amélioration au cours...

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