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II. Le Jardin des Oliviers* Le Jardin des Oliviers, que madame Guimond dit tenir soit de son père, monsieur Régis Guimond, soit de monsieur Germain Paquin, est l’un de ses trois contes favoris1 . Sans doute pourrait-on trouver la justification de cette préférence dans le thème émouvant du récit qui raconte la répudiation d’une femme injustement accusée d’infidélité par son mari, puis la réunion pathétique des deux époux au terme des démarches que la jeune femme calomniée a entreprises pour retouver celui qu’elle n’avait jamais cessé d’aimer. Ce récit québécois mauricien se rattache au conte type AT 882, Le Pari sur la chasteté d’une femme. L’un des charmes particuliers des contes populaires réside dans l’opposition simple et nette des antagonismes en présence : le bien et le mal, le vrai et le faux, le courage et la lâcheté, la ruse et la stupidité, etc. D’instinct, l’auditeur, comme s’il participait à une sagesse humaine immanente, entre alors dans le drame, opte pour le succès du bien, prend parti pour le héros véritable, reste de connivence avec le conteur pour châtier de façon exemplaire le traître. Pour madame Guimond, le fait d’obtenir et de sentir plus aisément l’adhésion sympathique de son auditoire aux enjeux catégoriques de son récit a aidé assurément à fonder sa prédilection pour Le Jardin des Oliviers. Ce thème de la fidélité d’une femme envers son mari a été abondamment illustré dans la littérature du moyen âge. Les romans d’aventures se distinguaient seulement par la variété des souffrances endurées par l’épouse abandonnée et les circonstances dramatiques au cours desquelles elle retrouvait son mari. Cette littérature médiévale s’est développée au temps de la Renaissance dans le roman et ensuite dans le théâtre. Selon S. Thompson2 , les conteurs se sont approprié ces récits littéraires en les adaptant à leurs besoins. Néanmoins, * C. LEGARE, Catalogue des contes populaires de la Mauricie, conte n° 121 recueilli par C. Richard et Y. Boisvert. 1. Au catalogue des contes mauriciens est annexé l’enregistrement au magnétoscope des trois contes préférés de madame Guimond : Le Jardin des Oliviers, Les Trois Grues et Beau Sauvage. 2. S. THOMPSON, The Folktale, p. 109. 20 Première partie ces arrangements n’ont jamais atteint une grande popularité et ces récits dérivés ne peuvent en aucun sens passer pour des productions du folklore. AIRE D’EXPANSION DU CONTE Le type AT 882, Le Pari sur la chasteté d’une femme, est connu dans différents pays d’Europe. Peu répandu en France où on ne trouve que six versions, il est par contre mieux représenté ailleurs, surtout en Irlande qui rassemble 81 versions ; le Danemark en compte 29, la Finlande 28, l’Allemagne 16, la Grèce 14, etc.3 . L’Amérique française, pour sa part, en véhicule 33 dont 18 ont été recensées au Québec, 14 en Acadie et 1 en Ontario. On a aussi relevé la présence de ce type 882, mais sporadiquement, au Sumatra, aux Philippines et au Massachusetts4 . Le sujet du conte type 882 a été exploité par Shakespeare dans Cymberline (1609). 3. A. AARNE et S. THOMPSON, The Types of the Folktale, p. 299-300. 4. S. THOMPSON, LOC. cit. [18.220.140.5] Project MUSE (2024-04-26 03:40 GMT) Beau Sauvage et autres contes de la Mauricie 21 II. Le Jardin de Oliviers Une fois, c’était une vieille, puis elle avait une petite fille. Ils étaient bien pauvres. (Dans ce temps-là, c’était pas riche.) Et puis elle pouvait pas travailler, ça fait qu’elle avait pas grand argent. La vieille était malade, ça fait que la petite fille partait, puis elle s’en allait quand il arrivait un bâtiment au bord de la mer. Elles étaient pas bien loin de là. Elle s’en allait là puis, quelqu’un d’étrange qui arrivait, elle leur demandait la charité pour l’amour du bon Dieu, pour sa mère. Elle apportait à manger à sa mère. Bien là, le roi avait un garçon qui s’appelait prince Louis, puis il jouait dans l’eau...

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