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[3.144.36.141] Project MUSE (2024-04-26 10:29 GMT) Introduction À la différence des récits imaginaires créés par les écrivains, les contes folkloriques — tout comme les mythes qui les dépassent par leur archaïcité tant thématique que chronologique — ne livrent pas d’emblée à l’ethnologue les renseignements souhaitables sur leur date de composition ni sur leur patrie d’origine. Tout au plus le spécialiste des méthodes historico-géographiques parvient-il, depuis quelques décennies seulement et grâce aux techniques modernes de l’enquête, à dater le moment de l’enregistrement des versions particulières disséminées à travers le monde ou encore à identifier le nom et le lieu de résidence de leurs narrateurs. Quoi qu’il en soit de cette déficience dans l’étude des sources lointaines, on remarque, dans les répertoires internationaux des contes ethnolittéraires, la présence d’une tension continue. D’une part, malgré leurs variations discursives, soit thématiques, soit motifémiques, les récits folkloriques possédant une structure narrative commune sont indexés (avec plus ou moins de bonheur) du même numéro typologique dans la classification générale et, en même temps, chacun d’eux est analysé au point de vue des variantes qui témoignent de l’adaptation du conte type à un milieu socioculturel particulier. Ainsi l’observation de l’universalité de formes constantes au sein de versions multiples a conduit à la classification typologique des contes folkloriques dans des catalogues internationaux tels que The Types of the Folktale1 du Finlandais Antti Aarne, complété par l’Américain Stith Thompson, alors que la diversité des variantes culturelles a aussi fait l’objet d’une recension impressionnante — plus de 40 000 éléments figuratifs — de la part de S. Thompson sous le titre Motif-Index of Folk-Literature2 . 1. Antti AARNE et Stith THOMPSON, The Types of the Folktale, Helsinki, Academia Scientiarum Fennica, 1973. 2. Stith THOMPSON, Motif-Index of Folk-Literature, Bloomington, Indiana University Press, 1955, 6 vol. 236 Deuxième partie Dans une étude antérieure3 , nous avons précisément essayé de démontrer, par l’exploitation de la méthode sémiolinguistique, l’existence, dans une version québécoise rattachée au type AT 563 dans le répertoire d’Aarne et Thompson, d’un modèle narratif invariant, commun à un grand nombre de versions répandues dans presque tous les continents. En outre, sur le problème des variantes motifémiques, nous avons publié une étude intitulée « Le statut sémiotique du motif en ethnolittérature. Application à Pierre la Fève, version québécoise du conte type AT 5634». L’étude présentée visait à renouveler la définition du motif ethnolittéraire. Au lieu d’une définition fixée de façon empirique à la manière d’Aarne et Thompson, nous en avons proposé une autre fondée sur une homologation avec la théorie du lexème en lexicologie. Il est alors apparu que des motifs différents, dont la séquence constitue une version à rattacher à un type, étaient tous définissables théoriquement de la même manière : un motif est un micro-récit formé d’une configuration sémantique et d’une micro-syntaxe stables que deux variables contextuelles, l’une issue de la thématique, l’autre du parcours narratif, prenaient en charge pour achever d’en déterminer l’effet de sens motifémique. Grâce à cette méthode plus rigoureuse qui permet, une fois analysé l’investissement sémantique de chaque motif, de situer exactement un effet de sens, il devient possible, si on l’applique à un ensemble de versions construites par un amalgame similaire de motifs, de caractériser culturellement les versions retenues. C’est sur le plan discursif où les structures profondes sont converties, dans le parcours génératif du récit, en structures de surface que s’affichent les traits sociosémiotiques distinctifs. À l’occasion de l’analyse des motifs du conte type AT 563, on a pu voir qu’à une définition unique d’un motif correspondaient, par choix culturel, des dénominations figuratives multiples. En montrant, par exemple, que les dénominations variables de l’arbre cosmique : caroubier, chanvre, châtaigner, chou, favette, fève, gland, haricot, lis, navet, pois, etc. recouvraient une configuration motifémique unique : parcours 1, pousser – culminer ; parcours 2, faire monter — faire descendre, on a pu...

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