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CHAPITRE 6 Le Gouvernement radical du peuple : 1963-1966 Du mois d’octobre 1963 à la fin de juin 1966, l’Union civique radicale du peuple gouverna l’Argentine avec un Pouvoir exécutif national appuyé par une simple majorité aux Chambres législatives. Au cours de sa gestion, il appliqua de façon plus ou moins rigoureuse sa plate-forme électorale : sur le plan économique, il abandonna les stratégies de stabilisation du Fonds monétaire international, il annula les contrats pétroliers signés par Frondizi et il mit en marche un plan de relance économique qui obtint un succès relatif grâce à une abondance de ressources inutilisées et à deux récoltes favorables (section 1). Entre-temps, sa politique dut subir l’hostilité des grands entrepreneurs et l’indifférence des petits et moyens qui exigeaient des réformes plus profondes (section 2). Dans cette période, l’État national resta dans les mains des cadres de parti, surtout ceux du Parti radical du peuple qui résista avec courage aux pressions des grands entrepreneurs, sans céder, comme dans le cas des radicaux intransigeants, à leurs exigences ; ce sera le sujet de la section 3. La scène politique tendit à se polariser entre les radicaux — qui accaparaient les votes de toute l’opinion libérale anti-péroniste — et les justicialistes, qui commencèrent à participer à nouveau en 1965 à la vie politique officielle (section 4). Le coup d’État militaire du 28 juin 1966 fit disparaître de la scène politique tous les partis et mit fin de façon prématurée à la période présidentielle de Illia. 1. L’ÉVOLUTION ÉCONOMIQUE DE LA PÉRIODE ET LA POLITIQUE NATIONALE 1.1. LES PLANS ÉCONOMIQUES ET SOCIAUX Face à la récession et à l’endettement extérieur de l’économie argentine, la gestion radicale conçut deux lignes d’action : un plan de relance à court terme et un plan de croissance à long terme. 138 LES ENTREPRENEURS DANS LA POLITIQUE ARGENTINE L’objectif du plan à court terme était de mobiliser les ressources oisives, surtout dans le secteur manufacturier, au moyen de l’accroissement de la demande de consommation, car il expliquait la récession par la chute des revenus des salariés (l’accroissement des investissements était entravé par l’endettement externe qui accaparait pour ses besoins des sommes énormes de devises). Pour atteindre cet objectif, on augmenta les salaires réels de 6.2 % en 1964 et de 5.4 % en 1965, on régularisa les paiements des créanciers et des agents de l’État, on ajusta et on augmenta les montants des retraites et des pensions. On élargit également le crédit au secteur privé, ce qui permit d’améliorer les conditions de financement des biens durables de consommation, et on établit des mesures spéciales de crédit pour le redressement industriel et la construction de logements économiques. Le déficit fiscal, de 52 % en 1964 et de 31 % en 1965 et 1966 contribua à son tour à augmenter la liquidité de l’économie et du secteur privé. Ce plan de relance arriva aux résultats attendus : en 1964, le Produit Interne Brut augmenta de 8.4 % ; dans l’industrie manufacturière, l’augmentation s’éleva à 14.4 %, dans l’agriculture à 8.0 %, dans l’industrie extractive à 4.9 % et dans le bâtiment à 8.8 %. Le coût de la vie s’accrut en même temps de 22.1 %, c’est-à-dire dans une moindre mesure qu’en 1963 lors de l’application du Plan de stabilisation. Le plan à long terme (Plan national de développement 1965-1969) fut élaboré par le Conseil national de développement — CONADE — ; il cherchait à obtenir une croissance soutenue de la production au moyen d’une augmentation des investissements qui ne fût pas inflationniste et n’accrût pas l’endettement extérieur. Les objectifs et les procédés du Plan sont synthétisés de la façon suivante : On peut résumer les grandes lignes des objectifs du Plan de la façon suivante : i) le maintien d’un taux de croissance du produit par habitant dans la période considérée ; ii) le maintien d’un niveau de plein emploi de la force de travail ; iii) l’obtention d’une distribution plus équitable du revenu ; iv) une augmentation du niveau de consommation compatible avec l’expansion de la puissance productive et l’amélioration des niveaux actuels d’éducation, de sant...

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