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LE MONDE ARABO-MUSULMAN FRÉDÉRIC NICOLOFF Journaliste, Société Radio-Canada Ce que nous appelons le monde arabo-musulman compte plusieurs civilisations . Je dis arabo-musulman, car il y a les pays arabes, le Moyen-Orient en grande partie, cette autre région, plus à l’est, qui s’appelle l’Asie centrale où l’on retrouve entre autres choses l’Afghanistan, et aussi les anciennes républiques soviétiques Ces pays ont vécu des histoires très différentes l’une de l’autre. Certains ont été colonisés par la France, comme les pays d’Afrique du Nord, d’autres ont été brièvement colonisés par la Grande-Bretagne. Mais, surtout, dans la majorité des cas, c’est l’Empire ottoman qui a contrôlé une bonne partie de la région. Dans le cas de l’Asie centrale, cela a été différent avec, au sud-est, l’influence de l’Empire britannique et, au nord, celui de l’Empire russe. L’Afghanistan est devenu une espèce d’État tampon entre les deux grands empires. Les Britanniques, d’ailleurs, à l’exception de quelques années, n’ont jamais véritablement contrôlé le pays. Ils en ont même été chassés. Que l’on soit Afghan, Ouzbek, Pachtoun, Arabe, Algérien, Arabe de l’Arabie saoudite, Arabe du golfe Persique, Marocain ou Israélien, parce qu’Israël, il ne faut pas l’oublier, fait partie de ce monde, et Israël est consid éré par la grande majorité des pays musulmans comme étant une antenne occidentale, le territoire a toujours été, pour ceux qui y vivent, un territoire de l’Islam. Nous oublions souvent l’importance de l’aspect religieux dans ces pays. On s’imagine que les références culturelles sont linguistiques, historiques , littéraires, géographiques, cinématographiques, radiophoniques ou 28 Les médias québécois sous influence? télévisuelles. On oublie que la grande référence culturelle est d’abord et avant tout religieuse, et qu’elle est souvent une source d’antagonisme entre ces pays. C’est d’ailleurs ce qui se passe en Irak où la guerre civile oppose chiites et sunnites. À la base, c’est une guerre de religion. Je souhaite dire quelques mots sur mon parcours et sur la façon dont j’ai découvert cette région du monde. Je suis arrivé à Kaboul, en Afghanistan, en décembre 2001, avec les troupes de l’Alliance du Nord. J’étais avec des soldats qui venaient de différentes ethnies. Ils venaient du nord, pour libérer Kaboul avec les Américains. Je suis resté là quelques semaines. À l’époque, on était plusieurs journalistes de Radio-Canada dans cette région. Il y en avait en Turquie, en Jordanie, en Égypte, en Israël. On n’a pas reçu l’autorisation d’entrer en Irak pendant la guerre. Radio-Canada ne voulait pas, pour des raisons de sécurité qui peuvent se justifier. Un mois ou deux après le début des hostilités en Irak, après que la situation se fut un peu apaisée, on a pu entrer dans le pays. L’année derni ère, j’ai fait une série de reportages sur l’histoire du terrorisme au Moyen-Orient, plus particulièrement en Israël et dans les territoires occupés, qui a été diffusée sur les ondes des radios publiques de langue française. Cela m’a permis entre autres de me rendre dans des endroits que je connaissais déjà, mais où, en m’y rendant une deuxième fois, j’ai pu mesurer le changement de mentalité qui s’était produit depuis 2001, notamment dans la bande de Gaza. La bande de Gaza, je le rappelle, est l’un des endroits les plus peuplés au monde. La densité de population y est plus élevée que n’importe où ailleurs. Plus qu’en Chine. La bande de Gaza est un territoire qui fait à peu près 10 kilomètres de large sur 45 à 50 km de long. C’est une espèce de prison. Les gens ne peuvent pas en sortir. Évidemment, c’est l’un des fondements mêmes de la crise entre Israël et la Palestine. J’avais à cette époque un assistant, un jeune homme d’une trentaine d’années, absolument charmant. Il parlait un très bon français et avait...

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