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Entre tradition et modernité La place de la femme dans la cité dans le roman féminin québécois Céline Girard Université de Limoges Résumé Au début des années 1960, on note une corrélation entre l’essor de l’urbanisation et celui de l’édition de romans de femmes au Québec. L’écriture féminine accouche alors d’espaces imaginaires qui contribuent à révéler d’autres réalités subjectives de l’espace urbain. Dans les décennies qui suivent, la contre-culture ainsi que les mouvements de libération féministes aidant, les auteurs féminins rendent compte des luttes de pouvoir que génère l’espace humain de la ville entre certains groupes sociaux mais aussi entre hommes et femmes; ces dernières, ayant fait les frais d’une société de type patriarcal, restent sans doute les plus concernées et affectées par les profonds bouleversements culturels, sociaux et politiques survenus juste après la Révolution tranquille comme le démontre la production littéraire féminine depuis trente ans. Nous tenterons de démontrer que la littérature féminine actuelle aborde des vérités qui ont façonné le visage traditionnel du Québec telles que l’emprisonnement de la femme dans le mariage, le pouvoir absolu de l’institution religieuse, la lutte des classes, des thèmes qui ne cessent de hanter l’écriture féminine , une écriture pourtant contemporaine et «moderne» mais qui témoigne sans doute plus que l’écriture masculine et acad émique du véritable visage du Québec à l’aube du nouveau millénaire. Le Québec à l’aube du nouveau millénaire 273 Il est bien évident que la ville ne peut se résumer à un seul et même espace réel et visible, puisque la ville n’est déjà plus un seul et même espace dès lors qu’elle est perçue: de forme et de cadre de référence, elle fait alors l’objet de représentations subjectives et orientées, et peut se décliner en une multitude d’espaces (humain, social, politique, économique). Par conséquent, la réalité d’une ville n’est jamais définie une fois pour toutes car, certes, la ville est un espace réel mais dès lors qu’elle est perçue, elle accède à l’ensemble de ses possibles, à savoir ses réalités subjectives. Si la ville existe, c’est parce que je la pense et parce que je la fais exister. En effet, à la suite de sa perception qui donne donc lieu à sa re-présentation, l’espace réel dit «référentiel» devient un espace imaginaire par excellence. Or quel espace de la représentation autre que l’image picturale, photographique, cinématographique, la sculpture, et la musique, n’est un important générateur d’espaces imaginaires si ce n’est la littérature? D’ailleurs, elle-même se définit comme un espace, elle est décrite comme un espace, elle est le mode de représentation de l’espace. C’est ainsi que la littérature octroie une dimension imaginaire à cet espace humain et urbain qu’est la ville, notamment grâce à celui qui ordonne, qui discourt et qui crée: l’auteur. Rien n’existe sans ce lien qui unit celui qui perçoit et qui transpose l’objet de la re-transcription. L’espace de la ville n’a donc de réalité, même subjective, qu’à travers la parole de celui qui la fait exister en l’écrivant. Par conséquent, lorsque les écrivaines parlent de la ville, elles s’approprient son espace humain et communautaire: c’est alors dans cette transposition par le langage que la ville acquiert une substance et une valeur. De même que Dieu est inséparable de sa parole créatrice, tout le travail de l’écrivain consiste à rendre «lisible» l’un des innombrables espaces imaginaires qui composent la ville, produisant ainsi une polymorphie et une polysémie des images. Qui plus est, la ville est à première vue l’une des définitions les plus concrètes de ce qu’est la modernité; pourtant, elle est aussi un lieu d’Histoire et de traditions. Comme nous allons le découvrir, la parole des écrivaines participe à rendre visible cette dialectique urbaine, en abordant des vérités qui ont façonné le...

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