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C H A P I T R E 7 Essor et déclin du néoconservatisme au sein de l’administration Bush1 Jean-Frédéric Légaré-Tremblay 1. Les propos tenus dans ce texte sont tirés du mémoire de maîtrise de l’auteur intitulé: «Une politique étrangère néoconservatrice ? Une analyse du jeu idéologique et décisionnel au sein de l’administration de George W. Bush», Montréal, 2005, 163 p. 104 – Le conservatisme américain Cinq années ont passé depuis septembre 2001, et il n’est déjà plus question des néoconservateurs, qui avaient alors tant fait parler dans les médias du monde entier. Ils sont aujourd’hui retournés dans l’ombre, d’où ils avaient subitement émergé dans la foulée des attentats. De bureaucrates et conseillers subalternes méconnus du public, ils étaient alors devenus, aux yeux de tous, les artisans uniques de la politique étrangère la plus ambitieuse de l’ère post-Guerre froide, avec les mesures audacieuses de la guerre préventive, de l’unilatéralisme et du prosélytisme démocratique. Les plus critiques sont allés jusqu’à considérer la supposée toute-puissance des néoconservateurs comme le résultat d’un véritable «coup d’État» à la Maison-Blanche. On spéculait alors, sur la base de cette nouvelle politique étrangère dite néoconservatrice, à propos d’interventions militaires américaines destinées à renverser des régimes parias bien au-delà de l’Irak: Syrie, Iran, Corée du Nord, etc. On se demandait jusqu’où irait l’administration Bush, avec les néoconservateurs aux commandes. Or, de toutes ces spéculations, rien ne s’est avéré. Après le renversement du régime de Saddam Hussein, en mars 2003, qui devait signifier l’apothéose de leur influence, les néoconservateurs n’ont cessé de perdre du terrain, jusqu’à joindre, pour certains d’entre eux, les rangs des détracteurs de l’administration. Progressivement , le néoconservatisme a cessé d’être le synonyme de la politique étrangère américaine. Son influence sur l’administration Bush aura donc été forte, certes, mais temporaire. L’influence des néoconservateurs mérite une explication. Il est bien entendu possible d’appréhender la problématique par différentes approches, mais nous suggérons ici de l’aborder par le truchement de l’analyse du contexte idéologique et bureaucratique propre à l’administration Bush. Bien que l’après-11 septembre ait pu donner l’impression que cette administration était idéologiquement monolithique, entièrement soumise aux diktats du néoconservatisme, il en va tout autrement. On retrouve dans les cercles décisionnels de la politique étrangère de cette administration trois courants, tous d’ascendance conservatrice: le réalisme, le nationalisme et le néoconservatisme. La politique étrangère de l’administration Bush, de son inauguration à aujourd’hui, est donc le résultat d’un dosage toujours redéfini, jamais égal, de ces trois forces idéologiques. Pour saisir l’influence du néoconservatisme , les conditions et les modalités de son influence, il faut donc le mettre en rapport avec les idéologies concurrentes. On remarque alors que les néoconservateurs ont de fortes affinités idéologiques avec les nationalistes, avec lesquels ils ont, dès le début, formé une alliance dans le but de contrer l’influence pressentie des réalistes. Cette observation se vérifie, de surcroît, par l’analyse du contexte bureaucratique; la position bureaucratique des représentants de ces trois idéologies au sein de l’administration et le jeu de coulisses qui s’est opéré dès le lendemain de l’élection de George W. Bush montrent clairement la constitution et les rouages de cette alliance, sans laquelle, au demeurant, les néoconservateurs n’auraient probablement jamais eu l’influence qu’ils ont finalement exercée. [3.145.111.183] Project MUSE (2024-04-26 12:40 GMT) Essor et déclin du néoconservatisme au sein de l’administration Bush – 105 1. LA CONSTITUTION D’UNE ALLIANCE ENTRE NATIONALISTES ET NÉOCONSERVATEURS 1.1. Le réseau bureaucratique de Richard Cheney Après l’élection de 2000, la constitution de l’équipe de politique étrangère de l’administration Bush laissait présager une influence modeste de la part des néoconservateurs, essentiellement en raison de leur subordination hiérarchique; les néoconservateurs étaient tous des subalternes ayant...

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