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Chapitre I Les fondements théoriques SOMMAIRE • La systémique • Le concept de besoin et les études de besoins • Pourquoi concevoir ou analyser des besoins ? [18.218.48.62] Project MUSE (2024-04-26 07:16 GMT) 1. La systémique 1.1. Le rationalisme et la systémique Parmi les procédés utilisés pour développer le savoir humain, la méthode expérimentale1 , parfois qualifiée de scientifique, d’analytique ou de rationaliste, semble celle qui, en Occident, a eu l’impact le plus important. Le savoir obtenu par cette méthode est qualifié de scientifique, d’objectif et il diffère du sens commun. Il est créé par une approche rigoureuse, contrôlable et susceptible de remises en question continuelles des principes, des lois et des théories qu’elle élabore. Un « systémiste » serait tenté d’affirmer que la méthode scientifique est un système d’apprentissage doté d’un sous-système autocorrectif qui lui permet de vérifier la véracité, la transférabilité et la validité des connaissances qu’il produit. Selon Checkland (1981), cette méthode s’appuie sur certaines règles qu’il présente de la façon suivante : « [...] la diversité et la complexité de la réalité peuvent se réduire par le biais d’expériences dont les résultats seront validés par leur récurrence, et la connaissance peut s’obtenir par la réfutation d’hypothèses. [...] la caractéristique essentielle de la science est sa méthode réductionniste2». Le Moigne (1977) renforce cette position en affirmant que « le précepte du réductionniste est devenu synonyme de la méthode » (p. 13). Il constitue pour plusieurs (Checkland, 1981 ; Commoner, 1972 ; Fourez, 1974 ; Kerlinger, 1964 ; Le Moigne, 1977) le fondement même de la méthode expérimentale. Ce précepte est basé sur une conception de la science selon laquelle « il serait impossible de 1. Dans ce texte, nous attribuons le même sens aux expressions : approche expérimentale, méthode scientifique, méthode analytique et approche rationaliste. 2. Traduction libre.« [...] we may reduce the complexity of variety of the real world in experiments whose results are validated by their repeatability, and we may build knowledge by the refutation of hypotheses. [...] the most dominating single characteristic of science is the reductionism of its approach » (Checkland, 1981, p. 128-129). 4 Chapitre I parvenir à comprendre les systèmes complexes si l’on n’avait pas commencé au préalable par isoler les diverses parties qui les composent » (Commoner, 1972, p. 193). La science occidentale, en général, préconise cette approche héritée d’Aristote et rendue « opérationnelle » par Descartes (1637) qui énonce ainsi les quatre préceptes observés dans son célèbre Discours de la méthode : Le premier était de ne concevoir jamais aucune chose pour vraie que je ne la connusse évidemment pour telle, c’est-à-dire d’éviter soigneusement la précipitation et la prévention. Le second de diviser chacune des difficultés que j’examinerais en autant de parcelles qu’il se pourrait et qu’il serait requis pour les mieux résoudre. Le troisième de conduire par ordre mes pensées en commençant par les objets les plus simples et les plus aisés à connaître, pour monter peu à peu comme par degrés jusques à la connaissance des plus composés. Et le dernier, de faire partout des dénombrements si entiers et des revues si générales que je fusse assuré de ne rien omettre3 . Cette approche a pour mission de connaître, d’expliquer, de comprendre, de prédire et de contrôler la réalité. Une autre caractéristique importante de la méthode scientifique est sa prétention à l’universalité. Elle domine depuis plus de deux cents ans la pensée scientifique occidentale et est appliquée dans tous les domaines du savoir humain. Cette prétention a eu des conséquences qui n’ont pas toujours été positives. Mentionnons : – la fragmentation du savoir en autant de domaines qu’il y a de catégories de phénomènes à étudier ; – l’isolement des disciplines scientifiques d’une part, les unes envers les autres et d’autre part, face au monde réel ; – l’exigence de définir, de façon étroite, les problèmes que nous affrontons ; – la surspécialisation ; 3. Cet extrait du Discours de la méthode est tiré de...

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