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CHAPITRE 4 Le sursaut des environnementalistes L’environnementalisme, en tant que traduction d’une philosophie attachée à des valeurs à vocation universelle, jouit de certaines présomptions qui lui sont favorables. Tout d’abord, l’irruption des questions environnementales dans le débat politique accompagne le mouvement amorcé au sein des sociétés industrielles en vue de l’affirmation des valeurs postmatérialistes. Ensuite, l’environnementalisme est porteur d’identités et d’appartenances nouvelles qui sont de nature à déplacer le terrain de la lutte politique de la sphère économique vers la sphère culturelle, contribuant ainsi à élargir la distance entre la société civile et l’État. Il est de ce fait généralement perçu que les questions se rapportant, par exemple, aux effets de la pollution atmosphérique sur la santé humaine, au changement climatique, à l’amincissement de la couche d’ozone, au réchauffement de la planète, aux pluies acides ou encore à la diversité biologique, pour ne citer que celles-là, répondent à des préoccupations qui vont au-delà des limites territoriales des États et participent à un exercice de re-conceptualisation du monde naturel et humain. Dans la mesure où les préoccupations relatives à l’environnement tendent à se répandre dans toutes les collectivités organis ées, le mouvement environnemental jouit d’un préjugé favorable quant à sa capacité de développer des stratégies transfrontalières appropriées et de formuler des réponses ciblées à des enjeux transnationaux. Ce sont ces© 2007 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Québec, Québec G1V 2M2 • Tél.: (418) 657-4399 – www.puq.ca Tiré de: L’odyssée transnationale, Chalmers Larose, ISBN 978-2-7605-1528-4 • D1528N Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés 112 L’odyssée transnationale© 2007 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Québec, Québec G1V 2M2 • Tél.: (418) 657-4399 – www.puq.ca Tiré de: L’odyssée transnationale, Chalmers Larose, ISBN 978-2-7605-1528-4 • D1528N Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés préjugés favorables qu’il importe de mettre en question ici, plus particuli èrement leur articulation dans le cadre du processus de libéralisation des échanges en Amérique du Nord. En effet, les discussions sur l’opportunité d’ouvrir les frontières au libre commerce ont également produit le climat approprié à un débat social sur des choix controversés entre le commerce et l’environnement, la nature et la croissance, la réglementation et la libéralisation. Que nous enseignent les initiatives prises par les défenseurs de l’environnement mexicains, américains et canadiens dans la foulée des initiatives en faveur du libre-échange? Quelle signification doit-on attribuer à la position générale des groupes de défense de l’environnement des trois sociétés nationales, en ce qui a trait à la problématique de la transnationalisation? En tant qu’acteurs non étatiques, les environnementalistes ont-ils influencé, et en quels termes, les résultats des négociations commerciales trilatérales visant la formation d’un espace de libre-échange dans la région? Avant d’aborder ces différentes questions, explorons la manière dont l’environnementalisme s’imbrique dans le paysage politique des trois sociétés nationales. 4.1. UN RYTHME À TROIS TEMPS: L’ÉMERGENCE DE LA CONTESTATION ENVIRONNEMENTALE EN AMÉRIQUE DU NORD 4.1.1. Le Canada Au Canada, l’environnementalisme politique prendra son envol au cours des années 1960. À cette époque, l’objectif principal des divers groupes qui donnent corps à ce mouvement se matérialise dans la critique soutenue des pratiques de la société industrielle moderne qu’ils jugent dommageables pour l’écosystème. On assiste alors à l’émergence de groupes de défense de l’environnement qui seront plus tard très engagés dans le débat public. On peut citer, en exemple, des groupes comme Greenpeace, Pollution Probe, Energy Probe, Friends of the Earth Canada, etc. Ces groupes nouvellement formés se consacrent principalement aux questions purement locales qui concernent notamment la conservation des forêts, la protection des animaux , l’utilisation des pesticides et des herbicides, la pollution de l’air et de l’eau, la surconsommation d’énergie, le recyclage et la réduction des déchets...

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