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9 C H A P I T R E PROGRAMMES SENSORIMOTEURS POUR JEUNES AYANT UN TDAH ET DES TROUBLES ASSOCIÉS Nicole CHEVALIER, Université du Québec à Montréal France SIMARD, Université du Québec à Montréal RÉSUMÉ La sensorimotricité constitue une voie d’intervention novatrice auprès de jeunes présentant un trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH) et auprès de ceux ayant des besoins spéciaux. Nous débuterons ce chapitre en définissant la sensorimotricit é puis nous ferons un survol des programmes et thérapies sensorimotrices en mettant en relief les objectifs visés par ces différents programmes, entres autres : 1) l’amélioration de l’autorégulation, du contrôle exécutif et de la coordination motrice ; 2) l’amélioration des fonctions cognitives et attentionnelles ; et 3) la réduction des comportements d’inattention, d’hyperactivité, d’anxiété, de dépression et d’agressivité. Prenant appui sur le modèle de l’attention de Posner et Raichle (1994, 1997), nous présenterons le Programme sensorimoteur de stimulation de l’attention (Chevalier et al., 2005 ; Chevalier et al., 142 Trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité sous presse a) élaboré et expérimenté de 2002 à 2005, dans le cadre de deux protocoles de recherches au préscolaire (Chevalier et al., 2006, sous presse b) auprès d’élèves de classes ordinaires présentant ou non des symptômes d’hyperactivité. Ce programme propose aux enseignants et aux parents des exercices sensorimoteurs dès le préscolaire qui visent l’amélioration de certaines fonctions attentionnelles : capacité d’inhibition, d’attention sélective et d’attention soutenue. Nous discuterons des effets et limites des programmes sensorimoteurs et des avenues de recherche. 1. SENSORIMOTRICITÉ Qu’entend-on par sensorimotricité ? Le mot « sensori » fait appel aux différentes entrées sensorielles telles que le toucher, la vision, le goût, l’audition, l’olfaction et la proprioception ou la sensation du corps dans l’espace (Kapes, 2002). Lorsque les sensations afférentes sont traitées par le cerveau, elles deviennent des expériences sensorielles communément appelées perceptivo-motrices (Damasio, 1995). En lien avec les objectifs poursuivis, ces dernières engendrent des réactions motrices ou efférences, c’est-à-dire un mouvement imaginé ou réel que l’individu parvient plus ou moins à contrôler. La sensorimotricité concernerait l’ensemble des sensations , des perceptions et des réactions qui produisent le mouvement volontaire . On parle fréquemment de l’intégration des entrées sensorielles et des efférences motrices pour définir la sensorimotricité. Dans le fonctionnement cérébral, tout ce qui relève des sensations précède le cognitif (Damasio, 1995 ; Ledoux, 2005). Comme les afférences sensorielles sont contrôlées de manière prépondérante par les hémisphères cérébraux, il est pertinent de s’intéresser d’abord à tout ce qui touche ces afférences dans les cas de problèmes cognitifs, de comportement et de motricité. Ces afférences sensorielles engendrent l’activité de la boucle cognitivomotrice. Cette boucle appelée aussi frontostriatale préside à la régulation des perceptions et des cognitions (Denton et Changeux, 2005). Ce point de vue concorde avec les données phylogén étiques qui nous proposent que l’un des circuits des sensations engage dans son sillage la boucle de la cognition permettant de réguler la motricité [3.137.170.183] Project MUSE (2024-04-25 14:16 GMT) Programmes sensorimoteurs pour jeunes ayant un TDAH et des troubles associés 143 (Ledoux, 2005). Ainsi, l’activité motrice (le comportement) bien adaptée et bien régulée commencerait par un contact sensoriel avec l’environnement . C’est pourquoi la prise de conscience des informations sensorielles et de leur traitement pourrait favoriser la régulation des comportements et l’amélioration des fonctions cognitives attentionnelles. Dans ce court chapitre, nous nous limiterons aux liens qu’entretiennent la sensorimotricit é et la boucle cognitivomotrice dans la compréhension des problématiques comportementales et motrices reliées au TDAH. 2. PROBLÉMATIQUE NEURODÉVELOPPEMENTALE DES CONDUITES MOTRICES Le TDAH est un désordre neurodéveloppemental des circuits frontostriataux (Bradshaw, 2001) se manifestant principalement par de l’hyperactivité et de l’impulsivité (incapacité à inhiber ; Boliek et Obrzut, 1997). L’incapacit é à contrôler la motricité semble ainsi être une caractéristique dominante des personnes vivant avec un TDAH. Cette difficulté à moduler le comportement...

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