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Présentation L’interdépendance sociale et spatiale dans la «dynamique de l’Occident» et l’enchevêtrement culturel actuel dans la dynamique politique mondiale L’homme vivant en société, et plus spécialement le bourgeois, reconnaît la nécessité de régler ses dépenses rigoureusement sur ses revenus. Mais dans le budget de l’unité sociale dans son ensemble, ce sont les dépenses qui servent de référence, ce sont les dépenses qui déterminent les contributions que chaque membre de la société doit verser en vertu du monopole fiscal. Ce fait met en évidence les particularités structurelles et les lois qui, s’appliquant à la société dans son ensemble, dérivent de l’interd épendance des individus et se distinguent essentiellement des structures, et des lois de l’individu, à partir duquel on ne saurait les expliquer. La seule limite à laquelle se heurte le besoin d’argent d’une telle centrale sociale est la capacité fiscale de la société et la puissance sociale des différents groupes par rapport aux bénéficiaires du monopole fiscal. Plus tard, lorsque l’administration de ce monopole sera soumise au contrôle de couches bourgeoises plus vastes, une ligne de partage très nette séparera le budget de la société de celui ou de ceux, c’est-à-dire des fonctionnaires, qui gèrent les monopoles centraux. La société, l’État, pourra et devra faire dépendre le montant des impôts des dépenses indispensables à son fonctionnement. Mais les rois et les seigneurs centraux devront conformer leur attitude à celle des autres membres de la société:ils disposeront de revenus fixés avec précision et ils devront régler leurs dépenses sur leurs revenus. (Elias, p. 170-171) Quand Elias propose l’explication de ce difficile processus d’institutionnalisation d’un cadre de solidarité collective par l’organisation d’un pouvoir d’imposition, il rappelle constamment qu’il n’est pas: l’aboutissement de plans élaborés de longue main et des créations conscientes de certains individus, mais la conséquence de phénomènes d’interdépendances, nés de la lutte continuelle des forces sociales. […] c’est la violence des antagonismes entre les différents groupes de cette société qui fait toute la force de la fonction centrale. […] Ce ne sont pas seulement les dissensions entre couches sociales, mais aussi les oppositions régionales – pour autant qu’elles se tiennent dans certaines limites et s’accompagnent d’une certaine interdépendance – qui favorisent l’autorité centrale. Face à la résistance unanime et conjuguée de toutes les couches de la population, la royauté succomberait. Mais la fonction centrale, disposant des moyens d’action qui lui viennent de toutes les parties du royaume, est toujours plus forte que telle couche, que telle région isolée. (Idem, p. 164-165) Et lorsque Elias pose lui-même la question de savoir comment les luttes conflictuelles issues du processus complexe d’interdépendance et de diff érenciation des fonctions menant, à terme, à l’institutionnalisation d’un pouvoir d’organisation peuvent se réfléchir, il répond:«Ainsi sont-elles réalis ées à petits pas tâtonnants». (Idem, p. 165) Cette théorie générale de l’État, qu’il nomme «sociogenèse de l’État», peut être revisitée dans la mesure où le modèle de réflexion proposé repose sur deux préalables:d’abord, voulant réfléchir sur la période contemporaine, elle prend le temps d’un recul sociohistorique; et ensuite, elle pose la question du rôle édificateur de l’interdépendance. Pouvons-nous reprendre mutatis mutandis le modèle de réflexion élaboré par Norbert Elias et nous inspirer de la nécessité fondamentale du recul sociohistorique et poser la question du rôle du redéploiement global actuel de l’interdépendance? Wanda Dressler situe l’enjeu d’un regard renouvelé sur la notion d’interdépendance: […] les espaces et leurs bornages territoriaux, construits par les systèmes politiques étatiques depuis la fin du Moyen-Âge, sont actuellement dans une phase de recomposition accélérée et de transition entre deux systèmes hégémoniques du fait de la mondialisation:on est passé, en effet, d’un système international d’États souverains, présumés maîtres de leur économie sur leur territoire, à un système international d’États interdépendants et dépendants...

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