In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

31 La petite Jeanne de la chapelle Notre-Damede -Lourdes Simon Harel1 This short essay is an opportunity for the author to discover an innermost part of his grandmother’s life that, to this day, had been unfamiliar to him. As he explores the church, we are projected back in time, the long time of heritage; but is that place of refuge for remembrance simply an evanescent souvenir now?© 2006 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Québec, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.ca Tiré de : Quel avenir pour quelles églises?, Lucie K. Morisset, Luc Noppen et Thomas Coomans (dir.), ISBN 2-7605-1431-5 • D1431N Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés 574 Quel avenir pour quelles églises? / What future for which churches?© 2006 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Québec, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.ca Tiré de : Quel avenir pour quelles églises?, Lucie K. Morisset, Luc Noppen et Thomas Coomans (dir.), ISBN 2-7605-1431-5 • D1431N Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés Les circonstances nous ramènent parfois sur les pas d’un ancêtre oublié. Je connais peu les églises... ce qui est une façon de dire que je ne les fréquente pas. Il aura fallu cette invitation pour que je fasse paraître à ma mémoire le visage de ma grand-mère aimée. Il aura fallu cette invitation pour que je séjourne en ce lieu, la chapelle NotreDame -de-Lourdes, autrefois habitée par la marche d’une jeune fille sur le carrelage sonore. Sa marche, ses pas, ses génuflexions tracent une vrille qui plonge au cœur du souvenir qui m’habite en ce moment. Elle est née à Montréal, elle a vécu rue Sainte-Élisabeth toute son enfance, vraie Montréalaise dans l’âme, de milieu fier et entreprenant. Jeanne, petite Jeanne. Je l’imagine, rue Sainte-Élisabeth, avec l’air d’une couventine qui descend l’escalier pour s’en aller à l’école. Cette jeune fille est bien mise comme le sont les Montréalaises de cœur. Elle est francophone dans ce quartier qui forme l’échiquier d’une ville secrètement aimée. Je l’imagine en cette chapelle. Où es-tu Jeanne? Je t’invoque, alors que je parle avec un peu de ta voix. Toutes ces années, j’aurai marché rue Saint-Denis, rue Berri, rue Sainte-Catherine –je travaille ici, j’y ai étudié, dans ce cœur ancien d’un centre-ville défait, remodelé, où le patrimoine fut une cause perdue et relève aujourd’hui la tête–, sans porter trop d’attention à cette chapelle. Jeanne, mon malin génie, mon patrimoine, mes souvenirs: ma grand-mère, Jeanne Côté-Harel, morte en grand âge à 88 ans; grande Montréalaise de cœur qui déménagea près de quarante fois dans sa vie, d’un quartier à l’autre, et même d’une rue à l’autre dans le même quartier , à Montréal toujours, trimballant avec elle meubles, souvenirs, bijoux. Vraie Montréalaise, locataire perpétuelle, heureuse de l’être, avec ses petits chiens, au fil des ans. Pitou, Victor, Pompon: autant de noms qui formaient pour elle l’espace d’une affection, un lieu aimé. La ville est une ardoise, un terrain de jeu. On peut chanter, jouer, crier. Ainsi, les enfants: rebonds, pirouettes à la volée dans ces cours de récréation de tous les mondes d’après-midi, à Montréal ou ailleurs. Cette chapelle me revient à l’esprit. Quelle découverte! Il aura fallu ce jeu de coïncidences: une intervention à l’ouverture d’un colloque, mais pour parler de quoi au juste? D’une église que j’ai explorée à la suite d’une invitation à en parler? N’est-ce pas l’exemple d’une supercherie que connaissent bien les universitaires, ces beaux parleurs, ces hautparleurs qui trouvent après coup quoi dire, se transforment en cuisiniers de théories, de salmigondis, de mots perdus, raboutés? 1. L’auteur est professeur titulaire au Département d’études littéraires de l’Université du Québec à Montréal (UQAM); directeur du Centre interuniversitaire d’études sur les lettres, les arts et...

Share