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© 2005 – Presses de l’Université du Québec P A R T I E L’EAU DES VILLES ÉTANCHER LA SOIF DES CITADINS 2 Les transferts massifs pour satisfaire les villes sont à la fois les plus anciens et ceux dont le nombre est, à l’époque contemporaine, le plus important. Que l’on pense à des villes comme Paris, Marseille, Athènes, Helsinki, Windhoek (Namibie), Abuja (Nigéria), Oran, Alger, Tokyo, Tachkent (Ouzbékistan), Mexico, New York, Los Angeles, San Francisco, Phoenix, Winnipeg (Canada), un très grand nombre de villes ne peuvent assurer la satisfaction de leur demande en eau que grâce à des transferts massifs interbassins. À l’origine des transferts massifs, la population grandissante des villes, dont les besoins en eau pour les usages personnels et les activités économiques ont fini par excéder les quantités d’eau disponibles sur place ; la maîtrise de la technique des aqueducs par les Étrusques et les Romains, ou des qanats (Iran), a permis aux collectivités de transporter sur de longues distances l’eau dont elles avaient besoin. © 2005 – Presses de l’Université du Québec 82 Les transferts massifs d’eau Déjà à l’époque romaine, les ingénieurs avaient développé une expertise remarquable pour la construction de longs aqueducs. Celui de Nîmes, achevé vers le milieu du Ier siècle, transportait sur 49,8 km, 37 152 m3 par jour. À Lyon, l’aqueduc du Gier, achevé dans la première moitié du Ier siècle (86 km), débitait 12 000 m3/jour. L’aqueduc de Cologne transportait 27 300 m3/jour sur 110 km, tandis que celui de Carthage sinuait dans la campagne sèche sur 132 km. À Rome, les onze aqueducs qui furent construits permirent aux habitants de la capitale de l’Empire, libres ou esclaves, de disposer à l’époque des Sévères (193-235), de plus d’un million de mètres cubes d’eau par jour, soit plus d’un mètre cube par personne ! D’autres aqueducs ou canaux ont été construits par la suite, comme celui de Craponne, achevé en 1582 (124 km), ou celui de Naples, en 1629, long de 50 km1. Les villes doivent parfois aller chercher leur eau de plus en plus loin, comme Mexico ou Johannesburg. Le cœur de la ville de Johannesburg se situe à plus de 1 700 m d’altitude. À une telle hauteur, la ville est privée d’un accès direct à l’eau. Très tôt, elle a dû s’approvisionner auprès du Vaal, grande rivière en contrebas du Witwatersrand2, à une cinquantaine de kilomètres au sud de Johannesburg. Au début du XXe siècle, la ville a décidé d’accroître ses ressources en eau. Cela s’est traduit par l’adoption du projet Vaal Development Scheme. Ce dernier comprenait l’édification d’un barrage sur le Vaal, le Vaal Barrage, au niveau de Vereeniging. Achevées en 1923, ces infrastructures ont permis de faire face aux besoins de la métropole sud-africaine pendant 40 ans. Dans les années 1960 et 1970, l’essor rapide de la ville a nécessité la construction d’un nouveau barrage, le Vaal Dam, situé en amont du Vaal Barrage. Ce nouvel ouvrage est alimenté par les eaux provenant d’autres barrages, ceux de l’Eastern Vaal (Grootdraai), et ceux des montagnes du Lesotho (Katse, Sterkfontein et Woodstock), à 350 km au sud de Johannesburg et du Vaal Dam. Aujourd’hui, les risques de pénurie sont bien moindres, car le Vaal Dam est alimenté par l’eau abondante provenant des hautes terres du Lesotho. C’est d’ailleurs l’une des principales sources de revenu du Lesotho3. 1. René Maury (1991). « L’approvisionnement en eau : pouvoirs publics et intérêts privés. Les exemples de Naples, Palerme et Marseille », Sud, Bulletin du CERIM, no 2, p. 23-52. 2. La ville de Johannesburg s’est construite à la limite du plateau du Witwaters, sur une crête : le Witwatersrand. 3. Aurélie Le Gars (2003). Le service d’eau de Johannesbourg, Rennes, Mémoire de fin d’études de l’Institut d’études politiques de Rennes. [3.128.199.162] Project MUSE (2024-04-26 05:33 GMT) L’eau des villes 83© 2005 – Presses de l’Université du Québec La problématique de l’approvisionnement des villes prend une tournure différente aujourd’hui avec l’accélération de la croissance des...

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