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LA VIOLENCE POLITIQUE AU PÉROU ET LA POPULATION « INVISIBLE » Une vieille histoire Sofia Macher [3.142.197.198] Project MUSE (2024-04-25 13:48 GMT) L’histoire du conflit armé interne vécu au Pérou entre 1980 et 2000 a été réécrite par la Commission Vérité et réconciliation du Pérou (CVR). Le travail a duré deux ans avant la remise du rapport final le 28 août 2003. Les deux premières conclusions du rapport tranchaient avec la version officielle prévalant jusque-là et que le sens commun des Péruviens et des Péruviennes avait fait sienne : La CVR a constaté que le conflit armé interne qu’a vécu le Pérou entre 1980 et 2000 a constitué l’épisode de violence le plus intense, le plus extensif et le plus long de toute l’histoire de la République. De même, ce conflit a révélé des brèches et des dissensions profondes et douloureuses dans la société péruvienne (CVR, conclusion 1). La CVR estime que le chiffre le plus probable de victimes fatales de la violence est de 69 280 personnes. Ces chiffres surpassent le nombre de pertes humaines subies par le Pérou dans toutes les guerres externes ou civiles qui ont eu lieu au cours de ses 182 années de vie indépendante (CVR, conclusion 2). La présentation du rapport de la CVR au Pérou a rompu avec le sens commun de la société péruvienne. Premièrement, le chiffre des morts et des disparus, avant la tenue de la Commission, était évalué dans le pays à 25 000 à 30 000 morts. Le rapport parle de 40 000 personnes de plus qui sont mortes ou disparues et que personne n’a recherchées, des morts que personne n’a signalées. Cette nouvelle histoire est une histoire d’exclusion et de racisme. Le profil des victimes de la fatalité l’illustre graphiquement : Hommes +80 % Éducation primaire partielle / analphabètes +68 % Quechua ou autre langue autochtone +75 % Activité agricole +56 % Zone rurale +79 % Ayacuchano +40 % Cette histoire d’exclusion se confirme encore plus quand on analyse les zones de concentration de la violence sur le territoire national. S’il est exact que la carte de la pauvreté ne se confond pas avec celle de la violence, reste que le conflit armé interne s’est concentré davantage dans les zones les plus pauvres et les plus éloignées du pays. Six départements comptent pour 85 % des victimes décédées. On trouve ces départements sur la liste des plus 130 Le devoir de mémoire et les politiques du pardon pauvres du pays, ceux où la présence de l’État est nulle dans certains lieux et abusive ou inefficiente dans d’autres. Le tableau suivant fait état du nombre de morts et de disparus rapportés à la CVR selon le département où se sont produits les faits. Si on considère l’ensemble des victimes de mort pour le croiser avec la carte de pauvreté du pays, on réalise que près de 40 % des morts se retrouvent dans le quintile le plus pauvre du pays. Le tableau suivant fait état du pourcentage du total de morts et de disparus rapportés à la CVR selon le rang dans l’échelle de pauvreté des districts où se sont produits les faits. Méthode : NBI – recensement de 1993. Le quintile le plus pauvre est le premier, le moins pauvre, le cinquième. Source : Rapport final de la CVR. Source : Rapport final de la CVR. 0 Otros Cusco Ucayali Puno Lima-Callao San Martin Apurincec Huancavelica Huânueo Junin Ayacucho 4000 8000 12000 40 % 30 % 20 % 10 % 0 % Quintile le plus pauvre Quintile le moins pauvre 2 3 4 rang de pauvreté [3.142.197.198] Project MUSE (2024-04-25 13:48 GMT) La violence politique au Pérou et la population « invisible » 131 Lors du recensement de 1993, seulement le cinquième de la population du pays déclarait le quechua ou une autre langue autochtone comme langue maternelle, mais ce secteur de la population compte pour plus de 75 % des morts et des disparitions déclarées. Le tableau suivant fait état du pourcentage de personnes dont la langue maternelle est différente du castillan ; comparaison entre les morts et les disparus rapportés à la CVR et...

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