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LES PENSIONNATS POUR AUTOCHTONES, OUTILS D’ASSIMILATION Un héritage honteux Diom Roméo Saganash [18.223.106.100] Project MUSE (2024-04-25 13:43 GMT) Quand on informe la population en général de la situation difficile de la vie des gens des Premières Nations, que ce soit dans les communautés ou en milieu urbain – de la violence, du suicide des jeunes, de la dépendance aux drogues et à l’alcool, des sans-abri, du haut taux d’incarcération, du mauvais état de santé, du taux de sans-emploi, de toutes ces choses que l’on associe aux Indiens1 – la plupart des personnes, si elles ne sont pas déjà ennuyées par ce genre d’information, se disent que « ces Indiens pourraient aisément résoudre leurs problèmes par l’éducation et en se trouvant des emplois, comme c’est le cas pour le reste d’entre nous ! ». Lorsque j’entends ce genre de commentaires, je comprends mieux pourquoi les raisons qui sous-tendaient jadis la création des pensionnats existent toujours dans la pensée de la société dominante au Canada et aux États-Unis. Il m’apparaît qu’il existe un préjugé tenace chez les gens et au sein des gouvernements voulant que tous ces problèmes associés aux Indiens pourraient disparaître si seulement ceux-ci pouvaient s’intégrer à la société dominante et ainsi mettre fin à cette absurdité de vouloir maintenir leurs droits, leur identité et leur culture dans un monde moderne. Justement, il y a de cela cent ans, la société dominante, à travers son gouvernement et les diverses organisations religieuses chrétiennes, avait un plan pour nous assimiler, et de cette manière mettre fin, une fois pour toutes, à ce qu’elle désignait comme le «problème indien» sur ce continent. Ce plan imaginé par les meilleurs esprits du temps, c’était le système des pensionnats, un plan considéré sûr et efficace. J’en sais quelque chose: j’étais un de ces enfants qui furent arrachés de leur foyer à un jeune âge et forcés de fréquenter une école loin de leur famille et de leur communauté, loin de l’affection de leurs parents et de leurs grandsparents , loin de la terre de leurs ancêtres. Ils ont essayé de faire de moi un«homme blanc», de me «civiliser». En ce qui me concerne, ils ont échoué. Mais globalement, ils ont presque réussi à détruire mon peuple et les Autochtones en général. 1. C’est intentionnellement que j’utilise l’expression « Indien » , dans ce texte, à cause de la nature de mes propos. 88 Le devoir de mémoire et les politiques du pardon Aujourd’hui, les Premières Nations subissent toujours l’héritage sinistre des politiques gouvernementales appliquées aux Autochtones, dont celle du système des pensionnats. Aujourd’hui, malgré leur langage en apparence bienveillant et les termes convenables de leurs documents, les ministres des gouvernements et leurs représentants refusent encore de reconnaître leur pleine responsabilité lorsqu’ils sont confrontés aux ravages engendrés par les sociétés autochtones dysfonctionnelles d’aujourd’hui. Et s’ils insistent qu’ils ont compris, comme ils le font fréquemment avec la sincérité factice qui les caractérise, comment se fait-il que les gouvernements ne peuvent financer adéquatement et soutenir les efforts des communautés pour venir à bout des maux qui affectent les populations autochtones, des maux dus en partie aux conséquences des pensionnats ? On a qu’à faire l’expérience pénible de négocier avec les gouvernements des ententes de financement pour des programmes communautaires : nous sentons à travers leurs réponses et leurs excuses qu’ils ne font pas confiance aux Indiens pour administrer ces programmes et qu’ils ne comprennent pas non plus la dynamique des sociétés autochtones; je soupçonne d’ailleurs que leur manque d’intérêt soit mitigé face à la réalité autochtone. Que l’on ne s’y trompe pas, même si les bureaucrates réfèrent à certains cas apparents de succès dans de rares communautés (bien souvent, lorsqu’on enregistre quelques succès, ceux-ci n’ont rien à faire avec ces fonctionnaires, mais ils résident davantage dans les efforts des gens de la communauté), la plupart d’entre nous vivons dans la pauvreté et sous la menace...

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