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© 2005 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.ca Tiré de : Les églises du Québec, Luc Noppen et Lucie K. Morisset, ISBN 2-7605-1355-6 • D1355N Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés La mémoire patrimoniale […] est tout d’abord le produit de l’action sociale de l’État, en tant qu’unificateur du corps social, soit qu’il la fabrique lui-même de façon plus ou moins artificialiste, soit qu’il opère dans les mémoires particulières un processus de discrimination selon des critères appropriés, ceux qui sont dictés par l’intérêt général1 . La conservation des églises et l’action étatique en matière de patrimoine , au Québec, partagent un même berceau: en 1925, un des premiers ouvrages que publiait la toute jeune Commission des monuments historiques – chargée de l’application de la Loi relative à la conservation des monuments et des objets d’art ayant un intérêt historique ou artistique sanctionn ée le 21 mars 1922– s’intitulait Les vieilles églises de la province de Québec. Il reçut un tel accueil qu’on décida, dès sa parution, d’en imprimer 1000 exemplaires supplémentaires et d’en éditer une traduction anglaise2 . Quatre ans plus tard, une église, Notre-Dame-des-Victoires (Québec) figurait , à la demande de son curé qui avait publié un mémoire cette fin3 , parmi les trois premiers monuments classés par le gouvernement4 . 3 Entre l’État et l’Église Une histoire de la conservation du patrimoine religieux 130 LES ÉGLISES DU QUÉBEC, UN PATRIMOINE À RÉINVENTER© 2005 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.ca Tiré de : Les églises du Québec, Luc Noppen et Lucie K. Morisset, ISBN 2-7605-1355-6 • D1355N Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés 1. P Jean-Michel Leniaud, 2001, p. 79. 2. K ANQQ, E52, CMH, 1925 (1er décembre). En 1926, la Commission reçut aussi une demande de la revue Terroir qui souhaitait publier, moyennant paiement de droits, des vignettes de l’ouvrage. K ANQQ, E52, CMH, 1926 (26 avril). 3. K ANQQ, E52, CMH, 1929 (17 juin). 4. Étaient aussi classés le château Ramezay, acquis par la Ville de Montréal en 1893 et occupé depuis par la Société d’archéologie et de numismatique dont Victor Morin, membre de la Commission pour la conservation des monuments et des objets d’art ayant un intérêt historique ou artistique, était alors président, et la Maison des jésuites, à Sillery, dont le gouvernement provincial était propriétaire. 5. N En coll., 1972 (2 décembre). 6. Cité dans N Nicolas Bérubé, 2003 (20 mars). 7. Cité dans N Damien Gagnon, 1994 (28 avril). 8. N Maurice Couture, 1999 (3 janvier). En 1972, émues par l’hécatombe des églises montréalaises, 97 personnalités – dont le poète Gaston Miron, l’interprète Pauline Julien et les cinéastes Denys Arcand et Jacques Godbout– s’étaient réunies pour à nouveau propulser les églises à l’avantsc ène de la conservation architecturale en signant le «Manifeste pour la sauvegarde des biens culturels5». C’est dire qu’il y a près d’un siècle, maintenant, que les églises sont dans la lorgnette patrimoniale québécoise. Pourtant, en 2003, Jean-Claude Marsan, professeur à l’Université de Montréal, déclarait «la conservation des églises passe par une plus grande participation de l’État6». L’Église elle-même semble de cet avis. Cinq ans après avoir dit «[qu’on] ne voudrait pas [...] avoir recours à l’État pour les maintenir7», Maurice Couture, alors archevêque de Québec, écrivait en 1999:«Au train où vont les choses, j’ai l’impression qu’il va falloir que l’on se résigne à confier l’avenir des églises à l’État. Comme dans certains pays d’Europe8 .» Là-bas comme ici, deux moyens «officiels» dominent, traditionnellement, l’histoire de la conservation: les lois qui encadrent la protection et les programmes financiers qui soutiennent celle-ci. Dans le cas du Québec et dans celui...

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