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© 2005 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.ca Tiré de : Les églises du Québec, Luc Noppen et Lucie K. Morisset, ISBN 2-7605-1355-6 • D1355N Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés Un patrimoine à réinventer. Voilà une locution qui rend bien compte de l’ampleur incommensurable de ce sujet, qui tel Internet, au fil de nos recherches, tissait une toile de pistes; où que nous regardions, des portes s’ouvraient. Un sujet par surcroît arrimé à l’actualité, qui jour après jour nous apprend que des églises ferment, met en scène acteurs et experts, mais aussi «gens de parole»: presque tous sont unanimes pour dire qu’il faut conserver les églises, parfois pas à «tout prix», néanmoins grâce à l’intervention «des gouvernements». Ici parce que c’est beau, là parce que c’est vieux, ailleurs parce que c’est vert, partout parce que c’est «nous». Comme si les sous et les idées abondaient là-haut… Avant-propos XVIII LES ÉGLISES DU QUÉBEC, UN PATRIMOINE À RÉINVENTER© 2005 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Sainte-Foy, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.ca Tiré de : Les églises du Québec, Luc Noppen et Lucie K. Morisset, ISBN 2-7605-1355-6 • D1355N Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés En entreprenant la rédaction de ce livre, nous pensions d’abord et surtout faire l’analyse des méthodes utilisées pour statuer sur les «qualités patrimoniales» des églises du Québec. Nous visions ainsi, à l’origine, à ce que la collectivité –dont nous sommes– trouve un moyen d’échapper au«tout-patrimoine» qui, conjugué au «tout-à-l’État», s’immisce depuis une bonne dizaine d’années dans toutes les paroisses du Québec. Cependant, très tôt, nous avons réalisé qu’en amont de telles évaluations patrimoniales, les sujets de la propriété des biens des Églises et de leur utilité sociétale ne pouvaient être esquivés. Ces deux thèmes fondent toute construction patrimoniale et les représentations collectives qu’elle sacralise, que celles-ci accaparent des fragments ou des plages entières de notre paysage construit. Spatialiser notre identité, la formuler même, requiert que l’on se projette dans l’avenir tout en s’ancrant dans l’existant; cela implique de ne pas abandonner le sort de notre environnement au seul jugement d’usagers évanescents ou au patrimoine «immatériel», ce chant de sirène fossoyeur de monuments. Néanmoins, si cet «existant», spatialement et temporellement , compte un bon paquet d’églises, celles-ci ne forment pas pour autant spontanément du «patrimoine», notamment parce que l’inutilité des bâtiments , trop nombreux, ne suffit plus à les proclamer à ce titre. C’est même plutôt le contraire. On revient donc à la question suivante: les églises sont importantes, oui, mais pourquoi? Trouver la réponse nécessitait de remonter le cours de la mémoire pour, derrière cette rémanence, savoir d’abord comment elles l’ont été. C’est alors que la toile s’est tissée sous nos yeux, emmêlant les églises et le patrimoine, l’histoire et le territoire, le politique et la société. Cette généalogie de la patrimonialisation des églises, qui aspirait à retracer les origines et la filiation des représentations investies dans celles-ci, a donc finalement embrassé le patrimoine dans son ensemble et son infinie complexité, tant comme objet de recherches transdisciplinaires que comme sujet de mythification identitaire. Les églises, en effet, structurent autant l’imaginaire collectif que le paysage construit québécois. Pour contourner les clichés qui abondent dans le discours patrimonial , nous sommes ainsi retournés aux sources, à l’origine de la structure paroissiale, de la forme urbaine, des lois, des usages, des réglementations et de la fiscalité, puis avons interrogé l’institution patrimoniale, qui regroupe les acteurs des trois paliers de gouvernement et ceux de multiples groupes associatifs, tantôt revendicateurs, tantôt complices. Nous avons, partant, analysé les relations entre l’État et l’Église — surtout catholique, puisque 85% de nos concitoyens se déclarent encore culturellement héritiers de ses œuvres— et retracé là l’influence surprenante...

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