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C H A P I T R E Une intervention pour favoriser l’intégration scolaire d’enfants gravement abusés1 2 1. La participation de F. Pons à la rédaction de ce texte a été rendue possible grâce à un subside du Fonds national suisse de la recherche scientifique (subside n° 8210-056618/2). Pierre-André Doudin Universités de Genève et de Lausanne et Haute École pédagogique (Lausanne) pierre-andre.doudin@edu-vd.ch Francisco Pons Université d’Aalborg, Danemark pons@hum.aau.dk Laurent Pfulg Gymnase de Beaulieu, Lausanne laurent.p@romandie.com Daniel Martin Haute École pédagogique, Lausanne daniel.martin@edu-vd.ch [3.145.206.169] Project MUSE (2024-04-25 14:41 GMT) Favoriser l’intégration scolaire d’enfants gravement abusés 35 Les différents types d’abus envers les enfants peuvent profondément affecter leur développement intellectuel, affectif, social, voire physique . Parallèlement aux mesures d’aide et de protection mises en place par les services spécialisés pour enrayer les causes des abus, l’école, en collaboration avec des spécialistes intervenant dans le champ scolaire, est l’une des instances qui peuvent contribuer à réduire les troubles induits par les abus (Doudin et Erkohen-Marküs, 2000). Comme Cicchetti, Toth et Hennessy (1993) l’ont montré dans leur étude sur des enfants abusés, une bonne intégration scolaire représente un facteur organisateur important du développement, avec des effets positifs à long terme comme la diminution des risques de délinquance et l’augmentation des chances d’insertion professionnelle et sociale. Aussi convient-il de tout mettre en œuvre pour favoriser l’intégration scolaire des enfants abusés. C’est l’objectif de ce chapitre que de présenter et d’évaluer un dispositif d’intervention visant à renforcer la qualité de l’intégration scolaire d’enfants qui, du fait des graves abus subis dans leur milieu familial, ont été placés dans une institution spécialisée (internat). Plutôt que de scolariser ces enfants dans l’institution en recourant à un enseignant spécialisé au risque de renforcer un sentiment d’exclusion ou de marginalisation (Doudin, 1996), l’institution a opté pour leur intégration dans un établissement scolaire ordinaire. Précisons cependant que, en fonction de la structure scolaire en vigueur, cet établissement comporte essentiellement des classes « régulière », mais aussi quelques classes regroupant des élèves en difficulté scolaire. 1. Types d’abus et facteurs de risque Les ouvrages spécialisés (par exemple, Christoffel, Schiedt, Agran, Kraus, McLoughlin et Paulson, 1992) définissent généralement quatre catégories d’abus : 1) les abus physiques ; par exemple, frapper un individu ; 2) les abus sexuels ; par exemple, l’inceste, le viol ou la tentative de viol, les attouchements, l’exposition de l’enfant à des actes indécents ou à la pornographie ; 3) les abus psychologiques ; notamment les disqualifications verbales et toute forme de dépréciation ; 36 Les émotions à l’école 4) la négligence ; un déficit des soins prodigués à l’enfant qui nuit à sa santé psychologique et physique. Ces différents types d’abus peuvent avoir de graves conséquences sur le développement et l’intégration scolaire des enfants (Erkohen-Marküs et Doudin, 2000, 2001a, pour des revues détaillées). Ainsi, les études portant sur les effets des abus physiques soulignent que ces enfants peuvent rencontrer des difficultés à gérer leur agressivit é (par exemple, explosions incontrôlées de colère), ce qui influence la qualité de la relation avec leurs pairs et leurs enseignants. Les enfants abusés physiquement parviennent souvent à associer leurs réussites à leurs comportements ; par contre, ils attribuent généralement leurs échecs à des causes externes et non maîtrisables, c’est-à-dire sur lesquelles ils ne peuvent pas agir. Ce type d’attribution affecterait alors négativement leur développement intellectuel et leur insertion scolaire. Ils souffrent également d’un manque d’appétence intellectuelle qui peut être mis en relation avec le manque de stimulation de leur environnement familial (pauvreté des interactions ). Cela entraîne des retards dans les apprentissages de base (mathématiques et lecture, par exemple). Les mauvais résultats scolaires vont à leur tour influencer négativement l’estime de soi. Un malaise s’installe dans le contexte scolaire : l’enfant n’étant pas« enseignable », il met l’enseignant en échec. Dans les cas d’abus sexuels, l’enfant vit une situation étrange...

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