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C H A P I T R E 1La compréhension des émotions Développement, différences individuelles, causes et interventions1 1. La rédaction de ce texte a été rendue possible en partie grâce à un subside du Fonds national suisse de la recherche scientifique (subside n° 8210-056618/2). Francisco Pons Université d’Aalborg, Danemark pons@hum.aau.dk Pierre-André Doudin Universités de Genève et de Lausanne et Haute École pédagogique, Lausanne pierre-andre.doudin@edu-vd.ch Paul L. Harris Université de Harvard paul_harris@gse.harvard.edu 8 Les émotions à l’école [18.219.95.244] Project MUSE (2024-04-26 06:27 GMT) La compréhension des émotions 9 L’influence de la compréhension que l’enfant a des émotions ainsi que l’utilité des interventions visant à aider l’enfant à accroître cette compr éhension sont depuis longtemps reconnues dans les interventions psychologiques. Néanmoins, ce n’est que récemment que la psychologie de l’éducation s’est intéressée de façon systématique à l’impact de cette compréhension sur la qualité de l’intégration scolaire de l’élève et à l’utilité des interventions visant à développer cette compr éhension chez l’élève. Au même titre que la compréhension que l’élève a de son fonctionnement intellectuel et de celui d’autrui (voir les travaux sur la métacognition, par exemple Doudin, Martin et Albanese, 2001), la compréhension que l’élève a de ses émotions et de celles d’autrui (voir les travaux sur la métaémotion, par exemple Pons et Doudin, 2000) est apparue ces dernières années comme un des facteurs déterminants de sa réussite scolaire et donc, dans certains cas, de son échec lorsque sa construction est problématique. En effet, l’élève présentant un déficit dans sa compréhension des émotions est moins disponible pour les apprentissages scolaires. Il peut parfois détériorer le climat de la classe à un tel point que, dans les cas les plus extrêmes, il n’est plus enseignable. De ce fait, l’élève « faible » du point de vue de sa compréhension des émotions court le risque de devenir le bouc émissaire de sa classe, voire d’être exclu de la classe ordinaire, du moins dans les systèmes pédagogiques qui recourent à la différenciation structurale (Doudin et Erkohen, 2000 ; Lafortune et Mongeau, 2002 ; Pons, Doudin, Harris et de Rosnay, 2002). Plusieurs recherches indiquent qu’il existe une relation entre la compréhension que l’enfant a des émotions et la qualité de ses comportements prosociaux avec ses camarades et ses enseignants. Cette relation a été reconnue chez des enfants d’âge préscolaire aussi bien que scolaire. Par exemple, Denham, McKinley, Couchoud et Holt (1990) montrent que des jeunes enfants ayant une bonne compréhension de l’incidence de causes externes (par exemple du fait d’être heureux quand on reçoit un cadeau ou triste lorsqu’on casse son jouet) sur les émotions sont en même temps les plus populaires auprès de leurs camarades de garderie . Hughes, Dunn et White (1998) découvrent dans leur étude auprès d’enfants de trois et quatre ans que, plus la compréhension des émotions de ces enfants est bonne, moins ils ont de problèmes de comportement (comportements antisociaux, agressivité, empathie limitée, etc.). Une autre étude avec des enfants de quatre ans indique 10 Les émotions à l’école que, plus la qualité des jeux sociaux de ces enfants est bonne (bonne coopération, communication interindividuelle efficace, etc.), meilleure est leur compréhension des émotions (Dunn et Cutting, 1999). Dans une étude longitudinale, Edwards, Manstead et MacDonald (1984) découvrent que les enfants de quatre et cinq ans qui sont les plus capables de reconnaître des émotions dans des expressions faciales sont également ceux qui sont les plus populaires auprès de leurs camarades de classe une ou deux années plus tard. Une autre étude longitudinale montre que les enfants de six ans qui ont les capacités les plus élevées à résoudre des conflits interpersonnels avec leurs camarades d’école sont ceux qui, trois ans auparavant, avaient la meilleure compréhension des émotions (Dunn et Herrera, 1997). Cassidy, Parke, Butkovsky et Braungart (1992) montrent qu’une bonne compréhension des émotions par des enfants durant leur premi ère année d’école obligatoire...

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