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Le Chantier de l’économie sociale : un bilan Nancy Neamtan1 Je voudrais commencer par faire un bref rappel historique sur le Chantier, son rôle et ses objectifs. Par la suite, je tenterai d’identifier les enjeux reliés à notre travail commun – enjeux qui seront sans aucun doute repris dans le cadre des divers ateliers et de la plénière tout au long de la journée. Permettez-moi de vous dire au départ jusqu’à quel point il est important de mesurer le chemin parcouru depuis le moment où j’ai accepté la présidence du Chantier de l’économie sociale en mars 1996. Soulignons que ce chantier s’insérait déjà dans une suite d’événements fort importants au Québec. Rappelons d’abord la revendication politique d’investissement dans des infrastructures sociales portée par le mouvement de femmes en 1995, dans le cadre des revendications de la Marche des femmes contre la pauvreté. Rappelons également la réponse gouvernementale promettant des montants d’argent qui se sont avérés dans les faits des montants virtuels, puisqu’il s’agissait d’argent provenant de programmes existants, notamment de programmes PAIE. On était bien loin de la revendication initiale pour de la création d’emplois durables et de qualité. Rappelons aussi la mise en place, par la suite, du Comité d’orientation sur l’économie sociale composé de groupes de femmes et de représentants du gouvernement et présidé par Diane Lemieux et Micheline Simard, qui a débattu pendant un an de la définition de l’économie sociale. Ce travail a débouché sur un rapport intitulé « Entre l’espoir et le doute » ; ce dernier permettait notamment de distinguer l’économie sociale des mesures d’insertion, de concrétiser l’apport d’un bon nombre d’organismes d’économie sociale à la société québécoise et de demander au gouvernement un plus grand soutien à l’économie sociale. Rappelons également le refus de ce dernier de signer le rapport. 1. Nancy Neamtan est présidente du Chantier de l’économie sociale. Ce texte présenté au colloque de l’APE, s’inspire de son allocution lors de la rencontre annuelle du Chantier, tenue à Montréal, le 13 novembre 1997. 158 Objectif plein emploi Rappelons finalement, et Dieu sait si je m’en souviens, la conférence socio-économique du mois de mars 1996, quand les partenaires de la société civile ont été conviés par le premier ministre à débattre du devenir social et économique du Québec mais où le focus a été presque exclusivement mis sur la négociation portant sur le déficit zéro. Rappelons comment, devant la préoccupation que beaucoup d’entre nous avons exprimé concernant les graves problèmes de chômage, le gouvernement a lancé le défi à la société civile de s’impliquer activement dans le développement de stratégies de création d’emplois et, dans un même souffle, a créé un grand Chantier sur l’économie et l’emploi dans le cadre duquel il proposait la création d’un chantier parmi d’autres : le Chantier de l’économie sociale. Cela fait à peine un an et demi, et pourtant j’ai l’impression que dix ans se sont écoulés, tellement nous avons vécu des moments fort difficiles parfois, fort exaltants, mais sans aucun doute fort intenses ; compte tenu des attentes, des espoirs, des débats, des inquiétudes et même des dénonciations dont nous avons été témoins depuis la création du Chantier. Car au moment de la création du Chantier, le contexte était loin d’ être propice à l’épanouissement de l’économie sociale. Premièrement, le débat entourant la définition même de l’économie sociale n’était pas encore terminé au gouvernement et certaines personnes insistaient encore sur le fait que l’économie sociale n’était qu’un autre terme pour l’insertion sociale. Deuxièmement, il y avait le petit problème d’argent ou de budget disponible pour les projets. En fait, c’était relativement simple : il n’y en avait pas. Les règles étaient claires – le déficit zéro primait sur tout et pour faire des choses il fallait convaincre le ministre des Finances ou le Conseil du Trésor. Finalement, et c’était peut-être à notre avantage, personne ne nous prenait trop au sérieux. Après tout, qu...

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