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226 PENSÉE, IDÉOLOGIE ET POLITIQUE à cette règle, puisque la couverture journalistique a été centrée sur les travaux des commissions parlementaires et sur les problèmes des partis impliqués dans une série de scandales politico-financiers.Lacouverture de l'information politique se caractérise aussi par la faible attention accordée aux activités civiques. Ce manque d'intérêt pour les activités politiques de proximité est aussi attesté par la faible couverture de la politique municipale. France-2 se distingue des autres chaînes àcet égard en raison des élections de Vitrolleset de la victoire du Front national qui donnait une dimension nationale àcette activitélocale.Cerésultat infirme enfin lepréjugévoulant que lesmédias survalorisent lessondages. Seules les informationsfrançaises leur donnent une couverture significative en rapportant régulièrement les cotes de popularité du président et du premier ministre. Comparativement à la France où la couverture régionale est faible, le niveau régional accapare plus l'attention dans les régimes fédéraux, Radio-Canada donnant le plus de visibilité à la politique provinciale en raison du fort niveau de conflictualité entre le Québec et le reste du Canada et du fait que Radio-Canada dessert la population francophone qui est concentrée au Québec. Maisparmi les régimes fédéraux, le cas du Canada semble particulier, car en Belgique et en Suisse, c'est le gouvernement fédéral qui reçoit plus de couverture que les gouvernements régionaux (50nouvelles contre 16en Belgiqueet 91 contre 13en Suisse), alors qu'au Canada c'est l'inverse qui se produit, la politique provinciale recevant plus de couverture que la politique fédérale (104 contre 101). C'est le Québec qui a la part du lion puisque 90%des nouvelles provinciales portent sur la politique québécoise. La personnification du pouvoir On a beaucoup reproché à la télévision d'avoir accentué la personnification du pouvoir en concentrant son attention sur les leaders au détriment des autres acteurs politiques. Si cette thèse se confirme en période électorale, il semble qu'elle doive être nuancée en dehors de ces périodes et qu'elle n'ait pas de validité universelle. Nous avons constaté de fortes variations de visibilité des chefs de gouvernement et des leaders des partis d'opposition dans les pays francophones. Le Canada est le pays où cette personnification dans les informations télévisées est la plus forte puisque les chefs des gouver- MÉLANGES nements fédéral et québécois totalisent à eux deux 28,7 % du temps de parole de tous lesacteurspolitiques. Lechef du gouvernement québécois se démarque nettement de sonhomologue fédéral en cumulantà lui seul 20%decetemps de parole. Leschefs des partis d'oppositionau Parlement canadien sont pour leur part beaucoup moins mis en évidence puisque Radio-Canada leur a concédé seulement 8 % du temps de parole. Au Québec, lechef de l'opposition officielle estencore plus effacé, n'obtenant que 3 %du temps de parole. La performancede France2se rapprochede celle de Radio-Canada puisque le Président de la Républiqueet le premier ministre totalisent 19%du temps de parole (16%pour Chiracet 3%pour Juppé).Mais, à la différence du Canada, en France, les chefs des partis d'opposition reçoivent autant de visibilité que les chefs de l'État et du gouvernement (19 %). Toutefois, lePrésident de laRépubliquejouit d'un statutparticulier, car la durée moyenne de ses interventions est deux fois plus longue que celle des autres locuteurs (à l'exception de LionelJospin, qui a lui aussi droit à de longues prestations).Deplus,JacquesChiraca le monopole de la parole dans lesnouvelles qui lui sont consacrées. Àune exception près où il est contredit par LionelJospin, il n'est jamaismis en présence d'un contradicteur,cequipeutêtreconsidérécommeune marquededéférence à son endroit. Cette tendanceà lanon-confrontation des points de vue est aussi valablepour lesreprésentants de lamajorité gouvernementale, dont 60 % des interventions se font en l'absence d'un représentant de l'opposition.À l'inverse, seulement 39%des interventions des locuteurs des partis d'opposition se font sans confrontation avec un adversaire de la majorité. La Belgique et laSuisse échappent àcettetendanceà la surexposition des chefs. Dans ces deux pays, les chefs de gouvernement sont moins visibles à la télévision. En Belgique, le chef du gouvernement fédéral...

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